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58 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

les descriptions et les spécimens d’herbiers, surtout lorsqu’on les cultive à côté les unes des autres. Nous avons pu ainsi constater que le S. Maglia est bien différent du S. tuberosum et cela à la première vue. C’est une plante très ramifiée, dont chaque rameau, pendant tout l’été, se termine par une cyme de grandes fleurs blanches, au centre desquels se montrent cinq étamines d’un beau jaune, non pas rapprochées en colonne autour du style comme sur les fleurs de la Pomme de terre, mais plus ou moins écartées ainsi qu’on le voit chez d’autres espèces de Solanum. Le style lui-même est beaucoup plus long que celui du S. tuberosum, et chose importante à noter, les ovaires restent toujours stériles et le fruit en est inconnu. M. Blanchard, qui a cultivé la plante à Brest pendant plusieurs années, après l’avoir reçue du Jardin de Chiswick, nous écrivait ; « Les tubercules du S. Maglia sont très petits et très rares : ils sont remplacés par des stolons qui atteignent quelquefois deux mètres de longueur. Il arrive même que les tubercules sont parfois si petits qu’on ne peut les découvrir dans le sol qui les recouvre. On pourrait la considérer comme une véritable plante ornementale, d’autant plus qu’elle peut se multiplier de boutures comme un Géranium, Mais elle est extrêmement sensible aux atteintes de la maladie de la Pomme de terre, causée par le Phytophtora infestans. » Il nous semble donc bien établi qu’il ne faut plus considérer le S. Maglia, comme pouvant être le type d’origine de la Pomme de terre, d’autant que cette espèce a été, dans les cultures, très loin de se montrer aussi prolifique que le S. tuberosum, et qu’il n’y a plus lieu d’espérer qu’on puisse jamais en tirer le même parti, pas plus du reste que des Solanum stoloniferum, Fendleri, Ohrondii, Jamesii et d’autres espèces de Solanum à tubercules.

Avant de terminer ce chapitre, nous désirons cependant dire quelques mots d’une nouvelle Pomme de terre qu’on vient d’introduire en France. L’histoire de cette introduction a été racontée avec détails par M. A. de St-Quentin dans la Revue horticole des Bouches-du-Rhône (1896). L’auteur de l’article fait connaître que son oncle, M. Félix de St-Quentin, pendant un assez long séjour dans l’Uruguay, à Mercedes, avait recueilli puis cultivé un Solanum à tubercules qui ressemblait quelque peu au S. tuberosum. Les habitants du pays la nommaient papilla, autrement dit Pomme de terre