quelle nous avons extrait les détails ci-dessus, reconnaît combien ces termes d’Hériot sont vagues, bien qu’ils soient généralement considérés comme devant se rapporter à la Pomme de terre, d’autant plus qu’Hériot lui-même ne parle en quoi que ce soit, dans son Rapport, de l’introduction de l’Openhauk en Angleterre, et qu’on ne trouve aucun document qui fasse mention de cette introduction.
Ce qui vient seulement appuyer cette croyance, c’est l’intervention dans la question d’un botaniste anglais, contemporain, John Gerarde, qui a publié, en 1596, un Catalogue des plantes cultivées dans son jardin, en y faisant figurer la Pomme de terre sous le nom de Papus orbiculalus, et qui a fait paraître, en 1597, un ouvrage descriptif, intitulé : L’Herbier de l’Histoire générale des plantes (The Herball of generall Historie of plants), dans lequel il donne une figure et une description de la Pomme de terre, qu’il appelle alors : Batata virginiana sive Virginianorum et Pappus Potatoes of Virginia ; ce qui peut se traduire par Patate de Virginie ou des Virginiens et Papas, Pommes de terre de Virginie. En rattachant à ces diverses dénominations le passage que nous avons cité ci-dessus du Rapport d’Hériot, on en est arrivé à conclure que les tubercules de l’Openhauk, dont parlait Hériot, avaient été cultivés dans le jardin de Gerarde[1], et que ces tubercules, d’après ce dernier, n’étant
- ↑ — Dans le no du 31 octobre 1895 du Journal of Horticulture, se trouve un article consacré à une conférence faite deux jours auparavant par M. Arthur Sutton, sur les Potatoes à la Société royale d’horticulture de Londres. Nous trouvons dans cet article quelques détails sur Gerarde qui ne sont pas sans intérêt, « il est de toute probabilité, dit le rédacteur, que Gerarde a été le premier cultivateur de la Pomme de terre, en Angleterre. On ne connaît pas exactement l’emplacement même où il l’a cultivée, mais cela se trouve approximativement établi par l’une de ses lettres adressée à son patron, Lord Burghley, que Gerarde a ainsi datée : « de ma « maison, à Holborn, dans les faubourgs de Londres, ce 1er décembre 1597. »
Mais Gerarde, dont le nom est écrit Gerrard dans un bail daté de 1604, a eu à sa disposition un autre jardin, qui lui avait été loué avec des conditions particulièrement agréables en reconnaissance de son « habileté singulière, de son savoir et de son ingéniosité à planter et conserver les plantes, herbes, fleurs et fruits de toute espèce ».
Ce jardin, qui avait deux acres de superficie*, était situé près de Somerset House (Strand) et garanti par Anne, reine d’Angleterre, moyennant la somme de cinq shellings comme redevance, et la rente annuelle de quatre pence pour 21 ans de durée ». « C’était donc, dit le rédacteur de l’article, deux pence par acre. Quel merveilleux changement s’est opéré depuis lors ! Les deux acres de terre en question ne seraient pas loués maintenant pour deux pence par pouce superficiel. Il est à présumer, ajoute-t-il, « que Gerarde a cultivé la précieuse plante dans le Jardin du Strand, mais pas bien longtemps, car il mourut cinq ans environ après la signature du bail.
*Cette superficie de deux acres peut être évaluée à 8,093 mètres carrés environ.