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SON INTRODUCTION EN EUROPE 75

ou non la chose, les lui fit arracher et jeter (Philipps, History of cultivated vegetables).

» Le botaniste Gerarde, qui reçut directement la Pomme de terre de Virginie, qui la cultiva dans son jardin en 1597, et qui même en donna dans son grand Herball une description et une figure, il est vrai assez médiocre, se borne à dire : Ces tubercules sont une nourriture aussi bien qu’un mets assez agréable, égal en bonté et en salubrité à la Batate, soit qu’on les fasse rôtir sous la cendre, soit qu’on les mange bouillis, avec de l’huile, du vinaigre et du poivre, ou préparés de toute autre manière par la main de quelque habile cuisinier. Peu après, le célèbre François Bacon écrit, dans Histoire de la vie et de la mort : « Un quart de racines farineuses, telles que celles de la Pomme de terre, mélangées avec trois quarts de grain, rendrait la bière plus saine et plus propre à prolonger la vie » (Bibl. britann.) ; et dans son Histoire naturelle, ce savant indique même un moyen d’obtenir de la plante des tubercules plus développés en tous sens.

» D’un autre côté, la mention élogieuse précitée, due à Gerarde, devait avoir contribué à mettre la Solanée en vogue en Angleterre, au moins à titre d’aliment délicat ; car, déjà dès 1619, elle figure parmi différents articles destinés à la table royale : la quantité à fournir était très minime ; mais elle ne devint dans la Grande Bretagne un objet d’importance nationale qu’en 1662-1663. Dans un meeting du 18 Mars de cette année, fut lue une lettre de M. Buckland, gentilhomme du Somerset, recommandant la plantation de la Pomme de terre dans toutes les parties du Royaume pour prévenir la famine. À la suite d’un rapport élogieux sur cette communication, plusieurs membres furent invités à cultiver la plante. Toutefois, si l’on s’en rapporte au peu de cas qu’attachait encore Bradley à cette culture en 1718, dans ses New improvements of Planting and Gardening, on est autorisé à conclure que la Pomme de terre n’était pas, même alors, appréciée selon ses mérites.

» En Écosse, elle ne fut cultivée qu’en 1683. En 1728, un journalier, Thomas Prentice, planta pour la première fois des Pommes de terre en plein champ dans le Kilsyth : le succès fut tel que tout fermier et colon suivait son exemple (Philipps, l. c.). »

Nous trouvons aussi dans l’Encyclopédie du Jardinage de Lou-