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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/88

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74 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE


saient nos ancêtres, se confectionnaient principalement avec la Batate. Ces Patates douces étaient offertes en vente par des marchands ambulants, surtout dans le voisinage de Royal Exchange, et ceux qui avaient confiance dans leurs propriétés reconstituantes les achetaient même à un prix fort élevé, lorsqu’elles étaient rares. Les allusions à cette crédulité sont très fréquentes dans les pièces de théâtre de cette époque. »

Ce que dit ainsi Joseph Banks nous paraît répondre à plusieurs des allégations du Dr Puttsche. Hawkins a pu apporter la Batate, mais non la Pomme de terre. Quant à Francis Drake, aucun document n’établit qu’il a introduit cette dernière en Virginie, et il n’a joué d’autre rôle que celui d’un navigateur transportant à son bord Heriot muni peut-être du précieux tubercule. Il est vrai que Walter Raleigh n’a joué personnellement aucun rôle dans l’introduction de la Pomme de terre en Angleterre, parce qu’il n’était pas allé lui-même en Virginie. Mais si Gerarde a eu quelque rapport avec Clusius, ce qui paraît tout au moins résulter de ce qu’il dit de lui dans son Herball il ne lui a pas fait connaître la Pomme de terre : c’est, en effet, par une toute autre voie qu’elle est parvenue à Clusius, en 1588, comme vient de nous l’apprendre Joseph Banks et comme nous le verrons plus loin. Mais Clusius professait la botanique à Leyde, dans la chaire devenue vacante par la mort de Dodoëns, depuis 1593 jusqu’en 1609 : il peut donc se faire que Gerarde, qui n’a publié son Herball qu’en 1597, ait obtenu facilement de Clusius des renseignements qu’il a utilisés dans son ouvrage : c’est à cela seulement que devaient s’en tenir leurs relations, car Clusius n’en parle pas.

Nous croyons devoir intercaler ici l’extrait suivant d’un Mémoire de M. Clos[1] qui ajoute d’autres renseignements à ceux publiés par Joseph Banks. « On dit que Sir Walter Raleigh donna quelques Pommes de terre à son jardinier, comme un beau fruit d’Amérique, avec ordre de les planter dans son jardin potager : en Août, la plante fleurit, elle fructifia en Septembre ; mais les baies furent si différentes de ce qu’attendait le Jardinier que, dans sa mauvaise humeur, il les porta à son maître, lui disant : « Est-ce là ce beau fruit d’Amérique que vous prisez si haut ? » W. Raleigh, qu’il ignorât

  1. Quelques documents pour l’histoire de la Pomme de terre (1874).