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naseaux ; peu de temps après, et quelquefois dans le même moment, les paupières, se tuméfient, et il en découle une humeur pareille à celle qui sort du nez ; elle agglutine les paupières l’une à l’autre.

La toux survient, ou elle précède le flux ; elle est sèche, quinteuse et très fatigante ; l’animal a des nausées fréquentes, et vomit quelquefois des glaires écumeuses.

Les urines sont très-jaunes, et d’une odeur infecte.

Le dégoût pour toute sorte d’alimens se manifeste plus tôt ou plus tard.

Le pouls est d’autant plus accéléré, que la maladie a fait plus de progrès ; et il est toujours très-irrégulier.

On trouve dans quelques jeunes chiens une hydatide sous le frein de la langue. Mais un signe commun à tous les animaux malades, est la fonte subite de la graisse ou la rapidité avec laquelle ils maigrissent.

Deuxième degré. Tous les signes précédens augmentent d’intensité ; les yeux se boursouflent, ainsi que le nez ; la matière acquiert de l’épaisseur ; elle bouche le nez, clôt les paupières, ce qui est une suite de l’engorgement de la membrane pituitaire et de la conjonctive ; la cornée lucide est verdâtre, la prunelle se dilate et le cristallin se présente sous une couleur verte. Il en est à qui il survient à chaque œil un ulcère à la cornée sur le point visuel ; l’humeur qui flue par les naseaux devient si épaisse, qu’elle bouche entièrement les fosses nasales, en sorte que l’anima] ne peut plus respirer que par la gueule, ce qui le fatigue beaucoup.

Il est des animaux qui témoignent beaucoup de douleur lorsqu’on leur presse les reins. Cette partie s’affoiblit, devient bientôt chancelante ; il en est chez lesquels la peau, les oreilles et les extrémités sont très-froides ; d’autres éprouvent des convulsions qui sont précédées d’un genre d’inquiétude et d’aboiement ; ceux-ci avalent la paille, ont un air furieux et témoignent le besoin de mordre ; ils tombent dans le coma, dans lequel ils périssent, à moins qu’on ne les assomme.

Troisième degré. Le poil est terne et piqué, la peau se flétrit et se dessèche ; les convulsions surviennent, les muscles des mâchoires commencent la scène par des mouvemens irréguliers qui sont bientôt tels que la mâchoire inférieure frappe à coups redoublés contre la mâchoire opposée ; et il se passe une espèce d’aboiement tremblé ; les contractions de ces muscles, qui augmentent peu à peu, sont accompagnées, lorsqu’elles sont parvenues au plus haut degré, d’un flux de salive très-copieux ; à mesure que ce flux diminue, les heurts de la mâchoire dont il s’agit se modèrent, et enfin ils se calment entièrement ; le flux de salive cesse totalement après ces mouvemens tumultueux des mâchoires ; l’animal reste dans l’abattement, ou dans l’assoupissement, ou tombe et meurt, ce qui est néanmoins assez rare ; il est plus ordinaire de voir renouveler les convulsions des muscles des mâchoires, et par conséquent le flux de salive. Un certain nombre de sujets se livrent à courir circulairement dans l’enceinte où ils sont enfermés ; leurs mouvemens sont décomposés, ils chancellent, ils lèvent les pattes de devant comme des animaux qui ont perdu la vue, et les heurts qu’ils se donnent font juger effectivement qu’ils n’y voient pas.

Dans les intervalles des accès, le trouble se dissipe et fait place à un calme apparent ; l’air expiré, les excrémens, tout le corps en un mot exhale une odeur puante.

Les animaux qui ont éprouvé ces convulsions ont bientôt les membres et surtout les extrémités postérieures, ainsi que la croupe, très-embarrassés.