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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/152

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en éloigner les ennemis qui leur causent de l’inquiétude, tels sont les vrais moyens de les fixer & d’entretenir leur ardeur pour le travail. Dès qu’on s’apperçoit que la population d’une ruche est diminuée, il ne faut pas attendre que les habitantes se dégoûtent de leur logement & l’abandonnent : qu’on réunisse cette ruche, affoiblie par la perte de ses citoyennes, avec une autre d’égale force ; par ce moyen, on formera une bonne ruche, de deux mauvaises dont on ne tireroit séparément aucun profit ; ces deux peuples réunis, & fortifiés l’un par l’autre, travailleront avec activité.


Section II.

Des circonstances où il faut hausser les Ruches pour obliger les Abeilles à travailler.


Les abeilles ne travaillent en cire, c’est-à-dire, ne construisent des rayons ou des gâteaux, que quand elles y sont forcées, soit pour fournir à la reine des cellules pour loger sa nouvelle famille, soit pour avoir des magasins où elles renferment leurs provisions. Dès qu’un essaim est dans une ruche, sa première occupation est de bâtir les édifices qui lui sont nécessaires pour commencer son établissement ; & quand ils sont finis, il travaille à les remplir. La récolte en cire a beau être abondante, les abeilles n’en construiront pas plus d’ouvrage, si elles ne prévoient pas qu’ils seront utiles pour la ponte de la reine, ou pour loger leurs provisions : elles amasseront la cire brute, sans la préparer pour l’employer ; & elle restera dans leurs magasins pour leur servir de nourriture. Ce seroit donc rebuter les abeilles, au lieu de les exciter à l’ouvrage, de hausser leurs ruches pour les faire travailler en cire, sans savoir si elles sont dans la circonstance & dans le besoin de le faire.

Hausser une ruche, c’est la rendre plus grande, en ajoutant une hausse par le bas, sans en retrancher par le haut. La saison de la grande récolte des abeilles est le tems où les ruches peuvent avoir besoin d’être haussées ; quand elle est passée, il n’y a aucune circonstance qui l’exige, parce que le travail est fini pour les abeilles, & qu’on ne hausse les ruches, que pour les faire travailler. Lorsqu’une ruche est bien peuplée, que les gâteaux pressés, & rapprochés les uns des autres, descendent sur la table à la hauteur d’un pouce, & que la ruche est d’un bon poids, on peut alors la hausser, afin de donner du large aux ouvrières pour continuer leurs ouvrages. Il faut absolument toutes ces conditions, afin de ne pas donner imprudemment une hausse à des abeilles, qui, n’en ayant aucun besoin, se dégoûteroient peut-être de leurs ouvrages. La ruche pourroit être bien fournie de gâteaux, & n’être pas, pour cela, dans le besoin d’être haussée ; par exemple, si elle n’étoit que d’un poids médiocre, quoique bien pleine ; parce qu’alors ce seroit une preuve que les magasins ne seroient pas entiérement remplis, les abeilles auroient encore, par conséquent, assez de place pour loger les provisions qu’elles feroient. Si on ajoutoit une hausse à leur ruche dans cette circonstance, on courroit