Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

risque de les rebuter en leur offrant un espace à remplir, tandis que leurs magasins seroient vuides en partie.

On pourroit objecter : pourquoi ne pas tailler les ruches trop pleines, & leur donner une hausse vuide par le bas, après avoir enlevé la supérieure ? On répond à cela, que le moment de tailler les ruches n’est jamais le tems où les abeilles sont dans le plus fort de leurs ouvrages & de leur récolte ; ce seroit les dégoûter du travail & de leur logement, de prendre dans cette circonstance une partie de leurs provisions. Il faut encore observer, que le tems de la plus grande occupation des abeilles, est aussi celui où la reine donne le plus de sujets à son état, & qu’elle les place alors indifféremment partout où elle trouve des cellules vuides, dans le haut, dans le bas, comme dans le milieu : on pourroit donc enlever une partie du couvain, & l’essaim qui sortiroit ensuite, seroit trop foible pour être placé seul dans une ruche.

Les premiers essaims, c’est-à-dire, ceux du commencement du mois de Mai, sont plus dans le cas d’avoir besoin d’une hausse, que les mères-ruches, parce que leur grande ardeur les porte à remplir tout de suite l’habitation où on les a logés : trois semaines après leur arrivée, il est donc essentiel de leur rendre visite de bon matin, ou à l’entrée de la nuit, de baisser doucement leur ruche, pour examiner si leurs ouvrages sont bien avancés, & de la soulever ensuite pour savoir si elle est d’un poids considérable, afin de juger s’ils ont été aussi diligens à remplir les magasins, qu’à les construire : pour lors on ajoute une hausse, quand on reconnoît qu’il n’y a plus d’emplacement pour mettre de nouvelles provisions.

Les ruches de l’ancien systême peuvent aussi se trouver dans la nécessité d’être haussées, de même que celles qui sont composées de plusieurs hausses ; & dans ce cas, on doit toujours observer les mêmes conditions. Il seroit donc essentiel d’avoir des hausses d’un diamètre égal à celui de leur embouchure, & de trois pouces environ de hauteur, que l’on placeroit par dessous quand les circonstances l’exigent. Comme on n’est pas ordinairement pourvu de ces hausses, on peut y suppléer en soulevant les ruches, & les tenant élevées d’un pouce ou deux, selon le besoin, par le moyen de petites cales de bois qu’on mettroit par dessous. Mais alors je ne voudrois pas répondre des ravages que les souris peuvent y faire pendant la nuit, & bien d’autres insectes. Cependant le parti de les tenir élevées est le seul qu’il y ait à prendre ; elles ne sont pas plus dans la circonstance & la nécessité d’être taillées, quoiqu’elles soient bien pleines, que les ruches composées de plusieurs hausses, parce qu’on exposeroit les abeilles aux mêmes dangers & aux mêmes inconvéniens.


CHAPITRE X.

Des Essaims.


Section Première

Des causes qui font essaimer les Ruches.


Dès que la saison devient moins rigoureuse, après l’hiver, & que