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dispenseroit de ce soin, seroit du goût de tous ceux qui ont des abeilles : mais puisqu’on ne l’a pas, il faut se décider à prendre les soins qui sont nécessaires pour veiller la sortie des essaims. Quand on a de bonnes ruches, on n’en manque point, souvent même elles en donnent plus qu’on ne desire ; c’est donc une attention qu’on doit avoir, de réunir en automne les ruches foibles pour en avoir de bonnes ; on peut être assuré que celles qui n’auroient peut-être pas passé l’hiver, étant réunies formeront une excellente ruche, capable de résister à la mauvaise saison, & qui sera en état de donner un essaim au mois de Mai suivant.


Section X.

Des moyens d’empêcher une Ruche foible d’essaimer.


Quoiqu’il soit très-avantageux d’avoir des essaims, puisque c’est par eux qu’on augmente le nombre des ruches, il faut observer cependant que si la même en fournit plusieurs dans une saison, elle peut s’épuiser à force de perdre des sujets ; & que les derniers qui partent ne sont pas bons, parce qu’ordinairement ils sont composés de peu d’abeilles. On doit être satisfait d’une ruche qui a donné deux essaims ; le troisième qui viendroit seroit trop foible ; il faut, par conséquent, l’empêcher de quitter sa mère. Dès le 25 de Juin, il ne faut plus en recevoir, la saison de la récolte du miel & de la cire est trop avancée pour qu’ils puissent faire les provisions qui leur sont indispensables : un second qui viendroit alors seroit perdu ; il vaut beaucoup mieux l’obliger à demeurer dans la même ruche. Quand on présume qu’une bonne ruche s’épuiseroit par un troisième essaim, & une foible, par un seul qu’elle produiroit, il faut, dans cette circonstance, avoir la précaution de lui donner une hausse vuide par le bas ; & douze ou quinze jours après on en ajoute une seconde, si la première est presque remplie. On peut aussi élever la ruche d’un demi-pouce & plus, au-dessus de son support, pour lui donner de l’air.

Les causes qui font essaimer les ruches, sont une population nombreuse, qu’une forte chaleur incommode dans un logement devenu trop resserré pour elle ; par conséquent, en l’agrandissant, & en donnant de l’air par dessous, l’habitation devient moins incommode, les abeilles y restent d’autant plus volontiers, qu’elles y trouvent une abondance de provisions qu’elles n’auroient pas si elles la quittoient, principalement quand la saison est déjà avancée. Cet air, qu’on procure aux abeilles en soulevant les ruches, entretient dans l’intérieur une fraîcheur bienfaisante, qui, sans nuire, retarde le couvain, qu’une chaleur considérable hâteroit trop, & qui, devenant plus grande à mesure que la saison avanceroit, obligeroit les nouvelles abeilles à quitter leur mère pour aller s’établir ailleurs. On empêche d’essaimer les ruches qui ne sont point composées de hausses, en les tenant élevées d’un pouce au-dessus de leur table, après avoir placé en avant le côté qui étoit sur le