Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

deux d’égale hauteur & d’égale force : autrement, le plus petit ou le plus foible ruineroit l’autre. On doit accoupler serré, afin que les animaux tirent également.


ACCROISSEMENT. Ce mot se dit de l’augmentation, en sens quelconque, de tout corps qui croît par de nouvelles parties qui s’identifient successivement avec les anciennes.

Après avoir établi dans le §. I. la différence des divers genres d’accroissemens par juxta-position & par intus-susception, nous décrirons dans le §. II. la manière dont se fait l’accroissement dans l’animal ; & dans le §. III, la manière dont il se fait dans le végétal. Nous finirons par expliquer dans le §. IV. la cause & le méchanisme de l’accroissement apparent qui s’opère dans nos corps le matin & après les repas.


§, I. Différence des Accroissemens par juxta-position & intus-susception.

Cette addition, cette aglomération peut se faire de deux façons. Tantôt c’est un fluide qui circule autour d’une masse, & qui dépose à sa surface des matières qu’il tenoit en dissolution. Ces couches deviennent horizontales ou inclinées, suivant la disposition du noyau qui a servi de base ; quelquefois elles affectent une forme circulaire, si ce même noyau a nagé dans un fluide qui l’environnoit de toutes parts ; & c’est ainsi qu’ont été produites la plupart des pierres. C’est par cette juxta-position que s’accroissent toutes les substances inanimées. Le fluide, qui charioit les nouvelles parties, s’évaporant insensiblement, chaque molécule se rapproche & se resserre ; la dureté du nouveau corps naît de leur adhérence & de leur intime union. Nous n’entrerons pas dans de plus grands détails sur l’accroissement des pierres & des minéraux en général ; on en trouvera la théorie dans ces deux articles. (Voyez Minéraux & Pierres)

On doit ranger dans la classe des accroissemens par juxta-position, la formation des coquilles des limaçons & autres animaux testacées. (Voyez Limaçon)

Tantôt c’est un fluide qui pénètre dans les vaisseaux intérieurs du corps vivant, qui circule jusque dans les extrémités les plus éloignées, s’insinue dans les parties les plus déliées, y dépose peu-à-peu de nouvelles molécules qui s’attachent à leurs parois, & remplacent celles que la transpiration sensible & insensible avoit fait disparoître. Telle est en peu de mots toute la méchanique de l’accroissement dans les animaux & dans les végétaux. Il se fait par intus-susception.

Par juxta-position, le corps croît extérieurement, c’est-à-dire, son diamètre augmente par l’addition de nouvelles couches externes, sans que les anciennes, qui servent de base, éprouvent un changement essentiel dans leurs formes & leur manière d’être. Par intus-susception, tout le corps croît à la fois ; le fluide porte partout le principe de la vie ; tous les organes, tous les vaisseaux sont affectés, tous sont vivifiés : les uns croissent en longueur, les autres en largeur & en capacité : ceux-ci prennent de la force, servent de soutien & de