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cessation de croissance arrive. Les vaisseaux acquièrent de la force ; ils résistent aux liquides qui y affluent ; le corps se resserre insensiblement & se desséche ; la graisse qui environne les parties solides se dissipe ; les tissus cellulaires s’affaissent ; les cordes des tendons deviennent sensibles sur les mains & les autres parties du corps ; les ligamens qui se trouvent entre les vertèbres, usés par le frottement, les vertèbres se touchent, le corps se raccourcit, l’épine du dos se rapproche en devant, le corps se courbe, les vaisseaux s’oblitèrent, se changent en fibres solides, s’ossifient ; le cœur, rigide & calleux, pousse le sang avec peine ; les veines lactées se bouchent & deviennent inutiles ; les poumons squirreux ne peuvent plus seconder le jeu de la respiration ; la circulation des fluides se ralentit ; le mouvement cesse & le corps périt.

La plante, accablée des maladies qui accompagnent toujours l’existence, par l’endurcissement des fluides qui circuloient dans son sein & qui y répandoient la vie & la fécondité, voit tous ses vaisseaux engorgés & obstrués ; il s’y forme des dépôts & des tumeurs ; les liqueurs s’épanchent, ou croupissent & se corrompent ; les fonctions vitales cessent de s’opérer, & la plante meurt en se réduisant en poussière. (Voyez Plante)


§. IV. Accroissemens momentanés.

Outre l’accroissement & le décroissement naturel à tout être vivant, depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse, il y en a un autre journalier, que le hasard fit découvrir en Angleterre vers le commencement de ce siècle. On y remarqua que le corps humain étoit constamment plus grand de six à sept lignes, & quelquefois davantage, le matin que le soir, après qu’avant le repas, & que, couché, il grandissoit d’environ six lignes. Cet accroissement, en général, est bien moins sensible dans un âge avancé que dans la jeunesse. Les causes de ces trois phénomènes sont assez faciles à saisir : 1o. les cartilages qui séparent les vertèbres sont épais, compressibles & élastiques. Tout le poids du corps, c’est-à-dire près de cent livres, porte sur l’épine du dos ; les cartilages sont donc comprimés tant que le corps est debout dans la journée ; ils diminuent de hauteur petit à petit en raison de leur compressibilité & du poids de la compression. Ainsi le soir le corps doit être plus petit que le matin : au contraire, pendant la nuit, lorsqu’il est couché, l’épine du dos ne porte plus le même poids ; les fluides, continuellement poussés par le cœur, trouvant moins de résistance dans les cartilages, les dilatent facilement : de plus, aidés de leur élasticité, ils reprennent bientôt leur première épaisseur, & le corps paroît grandir. Ce n’est pas là un vrai accroissement, tel que nous l’avons expliqué plus haut, ce n’est qu’un simple rétablissement. 2o Après les repas les vaisseaux se remplissant d’une plus grande quantité de fluide, le cœur les pousse avec plus d’impétuosité ; les cartilages cèdent & se dilatent ; les vertèbres s’éloignent, & l’accroissement commence. La position même du corps, reposant sur une chaise & appuyé contre le dossier, favorise cet alongement.