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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/248

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enfin, avec l’arsenic & le cobalt, des vitriols qui portent ces noms.

Les terres ne sont pas à l’abri de l’action de l’acide vitriolique, & même la nature nous offre ces différentes combinaisons bien plus fréquemment que les vitriols métalliques. L’alun n’est qu’un sel qui a pour base cet acide en très-grande quantité, combiné avec la terre argileuse qui, elle-même, suivant quelques chimistes, n’est qu’un sel vitriolique avec excès de terre quartzeuse ou vitrifiable. Les terres calcaires se dissolvent avec effervescence dans à cet acide, & forment avec lui un sel nommé sélénite. Ce sel qu’on ne peut avoir qu’en petite masse, en le formant artificiellement, la nature nous l’offre tous les jours en masses considérables, soit en sélénite proprement dite, qui est contenue dans presque toutes les eaux ; soit en grands cristaux triangulaires & assez réguliers, qui prennent alors le nom de gypse ; soit sous forme brute & sans cristallisation, c’est ce que l’on appelle la pierre à plâtre. Le sel d’ebsom est encore une combinaison de l’acide vitriolique avec une terre particulière, la magnésie.

L’alkali fixe forme avec lui le tartre vitriolé ; l’alkali minéral, le sel de Glauber ; & l’alkali volatil, un vitriol ammoniacal.

Il agit en général à-peu-près comme le feu sur les matières végétales & animales ; il les dessèche, les crispe, & les réduit presqu’à l’état de charbon. Il coagule le lait, & durcit presque sur le champ la partie séreuse de l’œuf. Il noircit & épaissit les huiles douces, comme les essentielles, & ce mélange, avec le tems, acquiert une consistance & des propriétés analogues au bitume ; avec l’esprit de vin, il produit de l’éther.

Plus volatil, d’une couleur jaune brunâtre, laissant continuellement échapper des vapeurs de même couleur, l’acide nitreux n’a que le second rang parmi les acides, parce qu’il s’unit moins intimément à ses bases qui peuvent lui être enlevées par l’acide vitriolique. Doué, en général, de toutes les propriétés des acides, il a de plus une odeur nauséabonde qui lui est particulière : attaque-t-il les couleurs extraites des végétaux ? il les détruit entiérement, de manière qu’on ne peut plus les faire revivre comme lorsqu’elles ont été changées par les autres acides. Concentré, il a une saveur aigre, violemment acide & corrosive ; affoibli dans une certaine quantité d’eau, il porte le nom d’eau forte ; étendu dans une plus grande quantité, il laisse dans la bouche une saveur froide qui a quelque chose de fade.

Presque toutes les substances des trois règnes sont soumises à l’action dissolvante de l’acide nitreux ; avec les substances métalliques, il forme des nitres métalliques, comme du nitre lunaire avec l’argent, du nitre mercuriel avec le mercure, du nitre cuivreux, du nitre saturnin ou de plomb ; il calcine plutôt qu’il ne dissout l’étain, & le convertit en chaux blanche indissoluble ; il en est de même du fer : il dissout tous les demi-métaux.

Il attaque & s’unit à toutes les terres dissolubles dans les acides, comme la craie ou terre calcaire qu’il dissout avec effervescence, & avec laquelle il forme un sel très-