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inutilement dans le cendrier. Une plaque de fer qu’on substitueroit & qu’on placeroit à l’instant sur la grille, suppléeroit à cet inconvénient.

Le défaut essentiel des alambics, est d’avoir leur collet trop étroit ; un diamètre du double de celui qui est prescrit, vaudroit beaucoup mieux.

Le courant d’eau froide qui prend depuis le réfrigérant, & qui accompagne le serpentin jusque dans le bassiot, est contraire à la bonne distillation. Lorsque, dans les laboratoires de chimie ou des liquoristes, on distille avec des alambics garnis de réfrigérans, on voit que, toutes les fois qu’on change l’eau chaude du réfrigérant, & qu’on lui en substitue de la froide, la distillation se ralentit & s’arrête pendant quelques minutes. Il faut que le chapiteau se réchauffe, pour qu’elle recommence comme auparavant. Cette eau froide, tout à coup jetée sur le chapiteau, fait condenser les vapeurs, & elles retombent en gouttes dans la chaudière. Voilà pourquoi elles ne peuvent pas s’arrêter dans la gouttière, & de là couler dedans par le bec du serpentin. Ce n’est donc pas à un vide parfait, qui s’exécute dans le moment, dans le chapiteau, qu’on doit attribuer la cessation ou le ralentissement de la distillation. Ce courant d’eau perpétuellement froide sur le chapiteau, nuiroit plus à la distillation qu’il ne lui seroit utile.


CHAPITRE IV.

Des Alambics pour la distillation des esprits.


C’est à M. Baumé qu’on doit cet alambic monté en grand. (Voyez Fig. 1, Pl. 11) Dans les grandes brûleries, on tire les esprits avec le même alambic qui sert pour les eaux-de-vie ; la seule attention est de modérer le feu, de manière que le filet qui coule soit toujours petit. La distillation des esprits, à égale quantité de liqueur, dure deux tiers plus de tems que celle des eaux-de-vie.

Première pièce. On fait faire un baquet de cuivre rouge, de six pieds de diamètre, & de deux pieds & demi de hauteur. Le chaudronnier peut facilement restreindre cette pièce, former par le haut un renflement, & rétrécir l’ouverture de cinq pouces, pour former ce qu’on nomme un bouillon P, fig. 1, Pl. 11. Ce bouillon sert à donner de la grâce à ce vaisseau, & à éloigner le bain-marie des parois de la chaudière. On pratique un collet N, de trois à quatre pouces de hauteur, couronné par un cercle de cuivre jaune ou rouge, tourné. Au fond, en O, on soude un tuyau d’un pouce & demi ou de deux pouces de diamètre, & de treize pouces de longueur, avec un collet tourné à l’extrémité, pour pouvoir le boucher commodément avec du liége. C’est par cette ouverture qu’on vide la chaudière. À la partie supérieure de la cucurbite P, on pratique une douille également tournée, de deux pouces de diamètre, & d’autant de hauteur ; c’est par cette douille qu’on remplit le vaisseau, sans le déluter ; on la bouche avec du liége.

Deuxième pièce. Le chapiteau doit avoir quinze pouces de hauteur au dessus du collet de la cucurbite. On pratique dans l’intérieur, une gout-