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pieds, venues de graines ou de surgeons, & les élever ensuite en pépinière pendant quelques années.

M. de Tschoudi avoue n’avoir pas cultivé l’alizier n°. 3, & il parle d’après Miller. Cet alizier croît de lui-même sur le Mont-Baldus, & dans d’autres parties montagneuses de l’Italie ; il s’élève environ à vingt pieds de haut, se divise en plusieurs branches bien fournies de feuilles oblongues & dentées, disposées alternativement, & attachées à des pédicules très-courts ; ces feuilles ont environ trois pouces de long, sur un & demi de large : elles sont d’un brun obscur des deux côtés ; les fleurs naissent au bout des branches par petits bouquets, composés ordinairement de quatre ou cinq : elles sont blanches & bien plus petites que celles des espèces précédentes ; il leur succède des fruits de la grosseur de ceux de l’épine blanche, qui deviennent d’un brun obscur en mûrissant. Cette espèce se multiplie comme les autres : mais elle demande une terre forte & profonde, autrement elle ne profite pas ; elle résiste fort bien au froid.

Le caractère exprimé par le n°. 4, paroît convenir à un petit alizier que M. de Tschoudi cultive sous le nom d’alizier de Virginie. On ne peut cependant pas l’assurer, 1o. parce que la baie de cet alizier devient très-noire, tandis que, suivant Miller, celle de l’alizier de Virginie est d’un pourpre très-foncé ; 2o. parce qu’il ne paroît guère devoir s’élever au dessus de trois ou quatre pieds, tandis que Miller dit qu’il s’élève à six ; 3o. parce que sa baie contient nombre de pepins, & que le caractère des aliziers est communément de n’en avoir que deux.

Quoi qu’il en soit, l’espèce dont parle M. de Tschoudi, est un très-joli arbuste qui se charge vers la fin de Mai d’assez gros bouquets de fleurs blanches, garnies d’une houpe d’étamines à sommets purpurins. Cette parure lui assigne une place sur le devant des massifs des bosquets de Mai. Le nombre prodigieux de baies noires & luisantes dont il est couvert sur la fin de Juillet, doit le faire employer dans les bosquets d’été. On peut l’enter ou l’écussonner sur l’épine blanche : mais la greffe prend difficilement ; il pousse des branches si menues, qu’on peut à peine y trouver des scions ou écussons convenables, & il faut une grande dextérité pour les manier. Il y a un autre inconvénient, c’est que le sujet devient très-gros en proportion de la greffe qui s’y trouve implantée, ce qui cause enfin la perte de cet arbuste, qui d’ailleurs paroît défectueux par cette disproportion.

C’est ce qu’on peut éviter en le greffant sur le cotonaster ou sur l’amélanchier, (voyez Amélanchier) qui sont à peu près de la même taille que lui ; mais il ne faut pas négliger de le multiplier par semence ; voilà le seul moyen de lui donner toute la hauteur & toute la beauté dont la nature l’a rendu susceptible. On prépare ses baies & l’on sème ses graines suivant la méthode détaillée à l’article Alaterne. Les plantules qui en proviennent font d’abord des progrès très-lents ; mais la quatrième année, elles poussent avec vigueur.

Les aliziers n°. 5 & 6 se greffent sur l’aria ou alizier commun, & sur