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longues de cinq à six pouces & demi, sur un pouce dans leur plus grande largeur, qui est plus près du pétiole que de l’autre extrémité qui se termine réguliérement en pointe ; le côté du pétiole se termine également en pointe, mais moins aiguë. Les pétioles ou queues sont longs de huit à douze lignes ; les feuilles des branches à fruit n’ont que deux à trois pouces de longueur, & neuf ou dix lignes de largeur ; elles sont moins pointues que celles des bourgeons.

Le fruit diminue considérablement & presque réguliérement de grosseur vers la tête, qui est terminée par un petit mamelon formé des restes du pistil desséché. Le côté le plus arrondi, ou plutôt qui décrit une plus grande partie d’ellipse, est relevé d’une côte assez saillante qui s’étend de la tête à la queue, & qui couvre l’arête du noyau. La queue ou péduncule qui le soutient, est grosse, ronde, lisse, verte, longue de deux lignes au plus, très-évasée par l’extrémité qui s’insère dans le fruit. La peau est d’un verd blanchâtre, couverte d’un duvet fort touffu ; le noyau est de la même forme que le fruit : il est terminé par une pointe aiguë, & contient une amande douce & d’un goût agréable.

C’est de cette espèce d’amandier que provient un si grand nombre de variétés, ou, si l’on veut, d’espèces, lorsque l’on sème son fruit ; mais, est-il vraiment l’arbre formé tel par la nature, c’est-à-dire à fruit doux ? Ne doit-il pas cet avantage à l’art & à la culture ? En effet, C. Bauhin, dans son Pynax, l’appelle amygdalus silvestris ; amandier sauvage. La question se réduit à savoir si l’amandier sauvage a le fruit doux ou amer. Rhauvolf dit, dans son Itinéraire, que cet amandier croît abondamment de lui-même dans les haies de Tripoli, & que les pauvres gens en ramassent le fruit. M. Tournefort rapporte, dans son Voyage du Levant de Tocat & d’Angora, que l’on trouve sur les bords de la rivière de Carmili, des amandiers sauvages plus petits que notre amandier commun, leurs branches ne sont pas terminées par un piquant, comme celles de l’amandier sauvage de Candie. Les feuilles de l’amandier des bords du Carmili n’ont que quatre ou cinq lignes de large sur un pouce & demi de longueur ; & pour tout le reste, elles ressemblent à celles de notre amandier. Le fruit est à peine de huit à neuf lignes de long sur sept ou huit lignes de large, & il est très-dur. Le noyau est moins amer que celui de nos amandes amères, & a le goût du noyau de pêcher.

L’un ou l’autre des arbres dont on vient de parler, seroit-il le type de notre amandier commun ? Dans ce cas, il n’auroit pas valu la peine de le transporter en Europe. Dans le Comtat, dans la Provence, dans le Languedoc, on voit des haies formées par des amandiers. Leurs feuilles, leurs fleurs & leurs fruits sont moins considérables que ceux de l’amandier commun, mais beaucoup plus volumineux que ceux dont parle M. Tournefort. La raison en est, que ces haies qui servent de clôture aux champs, sont des haies semées à demeure avec des noyaux amers. On les choisit tels, afin qu’ils ne soient pas dévo-