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rés par les rats & les mulots avant leur germination. Cependant, quoique les noyaux soient tous amers, on rencontre quelquefois des individus qui produisent des amandes douces. Afin de constater l’origine de l’amandier commun, & reconnoître si c’est une espèce perfectionnée par l’art, & s’il doit à cet art la conversion de l’amande amère en amande douce, il conviendroit de semer plusieurs fois de suite le fruit produit par ces haies. Comme l’arbre, & dans ce cas l’arbrisseau, vient en peu d’années au point de donner son fruit, on en auroit en moins de douze à quinze ans trois générations consécutives, & venues du même noyau. Il n’y a que ce moyen pour se rapprocher de la nature, & la suivre dans son perfectionnement ou dans la dégénération du sujet.


II. Amandier à coque tendre. Amandier des Dames. Amygdalus dulcis, putamine molliore. Bauhin, On l’appelle amandier abelan ou abeilan, en Provence. (Voyez Planche 13) La fleur est un peu moins grande que la précédente ; les pétales sont plus longs que larges, & leur plus grande largeur est à peu près à la moitié de leur longueur. L’extrémité du pétale est fendue en cœur plus profondément que dans l’espèce précédente ; les onglets sont d’un rouge vif ; le dedans des pétales est blanc, excepté l’extrémité, qui est légérement teinte de rouge de chair, le dehors de quelques-uns est entiérement teint de cette couleur. Cet amandier fleurit plus tard que les autres, & ses premières fleurs se développent en même tems que les fruits ; au lieu que dans les autres, l’épanouissement des fruits prévient la naissance des feuilles.

La longueur des feuilles est de deux à deux pouces & demi, & leur largeur de neuf à dix lignes. Elles sont soutenues droites par des pétioles assez gros, longs de sept à huit lignes. Sur les bourgeons, on en trouve qui sont un peu plus grandes, & celles des branches à fruit sont beaucoup moindres.

La forme du fruit approche plus de l’ovale que celle des autres amandes ; elle diminue peu de grosseur vers la tête. Quoique le côté le plus elliptique soit creusé d’un petit sillon, plutôt que relevé d’une côte, ce même côté du noyau est garni d’une arête très-saillante & tranchante. Le péduncule est reçu dans une cavité peu profonde, bordée de quelques petits plis.

Le noyau est formé, comme celui des autres amandes, de deux tables parallèles, dont l’intérieure est mince & assez solide ; la table extérieure est plus épaisse, mais si fragile, que dans un transport un peu long, le frottement des amandes les unes contre les autres, la réduit en poussière. Elle se forme long-tems après la table extérieure ; de sorte que si vers la mi-Août on enlève le brou de ces fruits, elle s’en distingue à peine, & s’enlève en même tems. C’est ce retardement de sa production qui empêche son endurcissement. Dans les provinces méridionales, la table extérieure acquiert plus de solidité, parce qu’elle mûrit davantage. Une autre cause du peu de consistance de cette table, vient de la quantité des fibres du brou de cette amande. Ces fibres,