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Les terres légères, sablonneuses, graveleuses & calcaires, conviennent à cet arbre : au contraire, dans les terrains gras & humides, il y dure peu, donne peu de fruits, & la gomme l’épuise. L’amandier fait peu de racines horizontales ou traçantes ; elles s’enfoncent très-profondément lorsque le grain de terre le leur permet ; c’est pourquoi, ne pouvant pivoter dans les terres humides ou compactes, il y souffre, dégénère & périt.

Dans les pays chauds dont on a parlé, il convient de planter l’amandier sur les endroits élevés & exposés au nord ; les terrains bas leur sont peu favorables, & les exposent trop souvent aux gelées blanches & aux brouillards, à moins que leur humidité ne soit habituellement expulsée par un courant d’air venant du nord ou nord-est.

V. De la transplantation de l’amandier. Le sujet a été greffé ou à la séve d’Août dans la première année, ou à celle du printems de la seconde ; il n’a plus qu’à se fortifier dans la pépinière. On attend communément sa quatrième année pour le transplanter, & on a tort. Les pépiniéristes, pour avoir plutôt déraciné l’arbre, mutilent les racines, & l’arbre a beaucoup de peine à reprendre & à former de nouvelles racines. Il faut donc ou le déraciner complétement avec soin, ou le transplanter plus jeune, mais toujours avec les racines qu’il a produites, sans les endommager ni les châtrer à la manière des jardiniers. Voyez le mot Racine, & dès-lors vous jugerez que la nature ne les a pas prodiguées à une plante pour les détruire.

La saison la plus favorable pour transplanter, est la fin de l’automne ; c’est-à-dire, dès que les feuilles sont tombées. Les jeunes amandiers amers conservent souvent des feuilles vertes sur leurs jets vigoureux, même jusqu’à la fin de l’hiver, malgré cela, il convient également de les transplanter, au plus tard, au commencement de l’hiver. Tous les amandiers en général, se hâtent de produire des fleurs ; & la séve, comme on l’a déjà dit, est en mouvement dès que le froid cesse & qu’une température un peu plus douce lui succède. Si on attend cette époque pour la transplantation, il est très-rare de voir l’arbre prospérer.

Les trous où ils doivent être transplantés seront faits, s’il se peut, dès le mois d’Août ; l’air, la chaleur & les pluies pénètrent plus avant dans la terre, y préparent les sels, & y en ajoutent de nouveaux ; mais comme la terre du fond a été resserrée depuis le mois d’Août jusqu’au commencement de Novembre, & qu’elle se trouveroit trop dure pour les racines, on fera bien de remuer ce fond à la bêche ou avec la pioche. Le trou doit être proportionné à la grosseur de l’arbre & au volume des racines, surtout si on l’enlève de terre sans les mutiler. Les trous sont en général toujours trop étroits ; & par une parcimonie mal entendue, on s’oppose dans le début aux progrès de l’arbre ; cependant sa perfection dépend des soins qu’il exige dans sa transplantation.

Presque tous les auteurs qui ont écrit sur la culture de l’amandier recommandent très-expressément de