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sont petites, courtes & blanches ; elles portent le nom de dents de lait. À dix mois, les deux pinces sont de niveau & creuses, mais moins que les mitoyennes, & celles-ci moins que les coins : à un an, on distingue un col à la dent ; son corps est moins large & plus rempli ; à un an & demi, les pinces sont pleines ; à deux ans, les dents de lait sont rasées ; à deux ans & demi, & quelquefois trois ans, les pinces tombent, & ainsi successivement, pour marquer l’âge de l’âne, comme dans le cheval. (Voyez Cheval)

Au bout de six mois on peut sevrer l’ânon, & cela est nécessaire, sur-tout si la mère est pleine, pour qu’elle puisse mieux nourrir son fœtus. Le foin devant être sa première nourriture, deux livres lui suffisent les premiers jours, en augmentant insensiblement. Le son, l’orge, l’herbe fraîche lui sont encore très-bons. Il faut le garantir du froid & de la pluie, & ne l’envoyer au pré que lorsque le soleil aura dissipé la gelée blanche. L’âge de trente mois est le tems de la castration. (Voyez ce mot) C’est aussi l’époque de le dresser. Cet animal est destiné ou à la selle ou au bât. Dans le premier cas, on lui met une selle sur le dos, & avec un bridon dans la bouche : un homme le tenant par les rênes du bridon, le fait sortir sur un terrain uni, toujours avec la selle sur le dos, & en le caressant de tems en tems. Lorsque l’animal vient vers celui qui se tient, c’est le tems de le monter & de descendre dans la même place sans le faire marcher. Cet exercice ayant été fait jusqu’à l’âge de trois ans, on le monte alors comme un cheval. (Voyez Cheval) Dans le second cas, un bridon lui convient aussi, de crainte qu’il ne veuille s’échapper. Un homme le tient également par le bridon, le fait marcher, en le traitant avec douceur. Quelques jours après, on lui met un bât avec un léger fardeau dessus, pour l’accoutumer insensiblement, en évitant sur-tout de ne point le surcharger dans les commencemens : sans cette précaution, les forces de l’animal seroient bientôt épuisées : en lui laissant, au contraire, prendre haleine, l’animal ne se rebute point, & achève réguliérement le travail proportionné à son âge & à sa force.

À l’âge de trois ans & demi ou quatre ans, l’âne est soumis à toutes sortes de travaux ; par conséquent il doit être ferré. La ressemblance de son pied avec celui du mulet exige une ferrure égale ; mais les fers doivent être légers & les lames minces, les mouvemens seroient plus lents sans cela, & la corne bientôt détruite. Tous les pâturages sont alors très-bons pour lui ; le chardon, les feuillages des buissons & des saules, les brins de sarment lui suffisent. La paille l’engraisse ; il mange le chaume. Le foin est un aliment de choix. Du son, de la farine détrempée dans l’eau, sont pour lui un aliment très-nourrissant. L’avoine répare ses forces lorsqu’elles sont épuisées. Il plonge un peu les lèvres dans l’eau lorsqu’il boit ; il prend une figure hideuse en relevant les lèvres, & en mettant les dents à découvert ; ce qui lui arrive sur-tout lorsque quelque chose le blesse sous le harnois, &