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lorsqu’en cheminant cet animal lève la tête pour éventer une ânesse qu’il sent de loin, & sur-tout lorsqu’il a flairé son urine.

L’âne s’accouple avec la jument, & le cheval avec l’ânesse. Les mulets viennent de ces accouplemens, & sur-tout de celui de l’âne avec la jument. (Voyez Mulet) Il s’accouple aussi avec la vache, & l’ânesse avec le taureau, & ils produisent les jumarts. (Voyez Jumart)

Celui qui est élevé dans la plaine a beaucoup de force & de vigueur, & a une belle taille. Son allure très-douce, le fait préférer pour la selle à celui qui, né dans un pays humide & marécageux, est naturellement plus épais, plus lourd, plus lent & plus sujet aux maladies. Les ânes de la montagne sont distingués par la petitesse de leur taille, leur agilité & la force de leurs jambes. Leur destination est la charrue & toute espèce de transport.

Cet animal est très-fort jusqu’à l’âge de quatorze à quinze ans ; mais il est rare qu’il arrive au bout de sa carrière, qui est de vingt-cinq à trente ans. La plupart meurent avant ce tems, excédés par les fatigues & les travaux. On prétend que la vie de la femelle est plus longue que celle du mâle. Son lait a de grandes propriétés dans la médecine : dans certains cas de maladie, il est préféré au lait de chèvre & à celui de vache.

Le froid empêche les ânes de produire, ou les fait dégénérer. Ils sont originaires des pays chauds. Aussi y en a-t-il peu en Angleterre, en Danemarck, en Suède & en Pologne, & il s’en trouve au contraire, beaucoup en Perse, en Syrie, en Arabie, en Afrique, en Grèce, en Italie & en France ; voilà pourquoi cet animal est plus beau en Provence & en Languedoc, que dans les autres provinces du royaume ; & en effet, il est d’autant plus fort & plus gros, que le climat se trouve plus chaud. C’est aussi du climat que dépendent sa vigueur, la couleur de son poil, la durée de sa vie, sa précocité plus ou moins grande relativement à l’aptitude à la génération, sa vieillesse plus ou moins retardée, & enfin ses maladies.

Les anciens ne connoissoient que la morve dans les ânes : il est vrai que ces animaux sont sujets à moins de maladies que le cheval ; mais une expérience journalière démontre qu’ils en ont beaucoup d’autres. Nous les divisons en internes & externes. (Voyez la Planche 16 pour ces dernières)

Le mal de cerf, la gourme, la morfondure, la péripneumonie, la pousse, la morve, la courbature, la toux, la pulmonie, les coliques, la diarrhée sont mises au rang des premières.

Les secondes se réduisent aux plaies & aux tumeurs. Telles sont le lampas, le chancre à la langue, les avives, les fluxions aux yeux, la cataracte, le mal de garrot, l’avant-cœur, l’effort des reins, l’écart, les hernies, la loupe, l’œdème sous le ventre, l’enflure des bourses, la gale, les verrues, l’effort des hanches, l’entorse, les eaux aux jambes, les malandres, les solandres, les poireaux, les queues de rat, les grappes, l’atteinte, la seime, le clou de rue, le fic & le javart. (Voyez tous ces articles, quant au traitement.) M. T.