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est renfermée dans un duvet ou bourre, il seroit difficile de la semer également dans cet état, & la graine seroit amoncelée dans une place, & la place voisine seroit vide. Jetez cette graine dans un vase, afin que la bourre s’imbibe d’eau ; retirez-la, & jetez-la dans un autre vase garni avec du sable très-sec & très-fin. Alors maniez & remaniez ce sable, afin de détacher la graine de sa bourre. Lorsqu’elle sera bien nettoyée, semez également, & recouvrez le tout avec de la terre semblable à celle du dessous : cinq ou six lignes de terre suffisent pour recouvrir la semence. On sème dans le mois d’Août, & quelques-uns au printems : l’ardeur du soleil desséche promptement la superficie de la terre, pénètre jusqu’à la graine, & la fait périr. On évitera cet accident fâcheux, en recouvrant le semis avec de la paille longue, & cette paille sert encore à empêcher que les arrosemens ne tapent trop la terre : s’ils sont trop fréquens, la graine pourrira. Quinze ou dix-huit jours après le semis, la paille sera enlevée, parce que la terre a eu le tems de s’affaisser au point où elle restera toujours. La graine ne lève souvent qu’après un mois ou six semaines.

Il est essentiel de nettoyer souvent les planches des herbes parasites, & de ne pas attendre qu’elles aient acquis une certaine grosseur ; autrement, en les arrachant, leurs racines entremêlées avec celles des anemones, ou les briseroient, ou entraîneroient toute la jeune plante.

Pendant la gelée, les plantes seront couvertes avec des paillassons, & les paillassons enlevés dès qu’elles cesseront. Ne vous fiez pas aux beaux jours d’hiver ; souvent les nuits en sont fâcheuses.

Lorsqu’au printems suivant, la fane sera complétement desséchée, il est tems de tirer les tubercules de terre ; ils seront alors gros comme des pois ; & après les avoir laissés pendant plusieurs jours dans un lieu sec & à l’ombre, on les met dans des boîtes.

VI. De la culture de l’anemone. Plus il a fallu de soins, de travaux & de patience pour métamorphoser l’anemone simple en anemone double, pour lui faire acquérir les couleurs brillantes dont elle est décorée, plus elle demande d’attention de la part du fleuriste, afin qu’elle ne dégénère point.

Tracez sur la longueur des planches que vous voulez planter, des sillons de six pouces de distance ; croisez par des sillons égaux cette même planche, & à leur réunion se trouve le point où la patte doit être mise en terre. Ce moyen bien simple assure la beauté du coup d’œil, & donne l’espace nécessaire d’une plante à une autre.

Tenez entre les trois premiers doigts de la main la patte ; enfoncez-les environ à trois pouces de profondeur ; écartez les doigts, la patte sera mise en place ; & toute la planche étant ainsi plantée, passez légérement le râteau par-dessus afin de remplir les trous.

Observez, en tenant dans vos doigts la patte, de ne point casser de cuisse, & de placer par-dessus l’endroit d’où l’œil doit sortir. Les cuisses rompues, ou les autres petites pattes qui ne sont pas dans le cas de donner des fleurs, seront