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plante : la plupart de ses principes le perdent ou se dénaturent, & l’analyse la plus exacte ne donne au chimiste qu’un peu d’air, de l’huile, du phlegme, de la terre & des sels.


CHAPITRE II.

Parallèle entre l’économie végétale & l’économie animale.


En suivant attentivement le développement de la plante depuis sa naissance jusqu’à sa mort, il est difficile de n’être pas frappé du rapport qui se trouve entr’elle & l’animal. On pourroit même dire absolument qu’ils ne diffèrent entr’eux que dans très-peu de points, essentiels à la vérité, tels que la faculté spirituelle de penser que rien n’annonce dans la plante, & dans celle de se transporter à volonté d’un endroit dans un autre. Cependant dans certaines classes d’animaux ces deux facultés paroissent si bornées, si circonscrites, qu’on peut les supposer nulles. Le genre des holothuries, des huîtres, des zoophytes, presque toujours fixe & adhérant à un rocher, vit & meurt à l’endroit qui l’a vu naître. Nous ne parlerons pas de leur faculté de penser ; l’instinct que la nature leur a donné, réduit aux seuls points de leur conservation & de leur nourriture, paroît bien peu supérieur au pouvoir que la plante a de porter ses branches & ses feuilles du côté où se trouve une nourriture plus analogue, & où l’air & la lumière doivent favoriser davantage leur entretien.

Si la nature a tellement confondu les dernières espèces animales avec la plante, a-t-elle mis une distance si immense entre la plante la plus simple & l’animal le plus parfait ? Non certes ; & plus le philosophe les compare ensemble, & plus il trouve de points de rapprochement, je dirai presque d’identité. Tout ce qui a vie paroît la tenir du même principe. Unique dans son but, simple dans sa marche, plus simple dans ses moyens, la nature ne nous paroît compliquée & composée que quand, échappant à nos regards, nous ne la comprenons pas, ou que nous prenons nos idées par ses opérations.

Naître d’un œuf couvé, se nourrir par l’affluence d’un suc, croître, se développer, propager son espèce, décroître, vieillir, mourir, telles sont les phases communes de la vie des animaux & des végétaux. C’est une loi nécessaire que rien ne peut changer, & dont l’exécution est immuable ; que ni la puissance des hommes, ni le changement de lieu, ni l’influence du climat, ni le tems même ne peuvent suspendre un instant. La destinée de ces êtres est semblable, leur existence est pareille, & leur vie est presque commune. Entrons dans quelques détails ; & pour suivre un même plan, nous allons les considérer & les suivre pas à pas depuis l’instant où l’acte de la conception commence à animer le germe, jusqu’à celui où la mort fatale le prive de tout mouvement, & l’enlève de la classe des êtres vivans.


Conception.

Le phénomène de la conception, soit animale, soit végétale, est enveloppé de voiles épais. En vain plusieurs auteurs ont-ils voulu expliquer cette œuvre admirable de la