bre de ses feuilles. Quoique cet arbre ne s’élève qu’à la hauteur de douze à quinze pieds, il seroit cependant très-avantageux de le multiplier dans les provinces méridionales de France pour former des abris contre l’ardeur du soleil. Il se prête avec la plus grande facilité à la main de celui qui prend soin de diriger ses branches. Si l’on veut palissader un mur, elles s’élèveront jusqu’à la hauteur de vingt pieds, & peut-être plus, je n’en ai pas encore fait l’expérience ; & ses branches & ses feuilles le couvriront de manière à ne laisser aucun vide. Il forme encore, quand on le veut, la palissade isolée, bien garnie & peu épaisse ; alors on laisse à des distances réglées, des tiges s’élever perpendiculairement ; & lorsqu’elles sont parvenues à une certaine hauteur, elles forment une tête semblable à celle de l’oranger, pour peu qu’on y donne quelque soin. C’est donc un arbre très-utile pour la décoration des jardins. La distance des tiges perpendiculaires doit être de douze pieds, & celle des palissades à trois pieds, & même à quatre. Il ne s’agit que de ravaler la tige à deux ou trois pouces près de terre, en la plantant, & de donner aux premières pousses la direction qui leur convient. On jouira promptement, si on plante des pieds un peu forts.
La même manière de planter doit avoir lieu pour les berceaux & pour les tonnelles. De distance en distance, on laissera les tiges s’élever ; elles commenceront à former la voûte, tandis que leurs voisines travailleront à garnir les côtés.
Si on veut en faire un taillis, il convient de planter des pieds forts & vigoureux, de les couper à deux pouces au dessus du collet, & de les planter à quatre pieds de distance. Après sept, huit ou neuf ans, on les coupe comme les taillis. Dans les provinces méridionales, combien ne reste-t-il pas de terrains incultes, qu’on nomme garigues ? Pour peu qu’elles aient de fond de terre, il vaudroit mieux les semer ou planter en arbre de Judée. Elles sont couvertes de cistes, de petits genêts, de garou ou thymelée, de petit chêne verd rampant, &c. que l’on coupe chaque année, & même jusqu’à deux fois, afin d’avoir du bois pour chauffer les fours, faire cuire la chaux, &c. tant la disette du bois est grande. Ces taillis exigeroient tout au plus d’être légérement travaillés dans les premières années, pour détruire les mauvaises herbes ; & leurs feuilles auroient bientôt accru la couche de terre végétale, tandis qu’on la détruit chaque jour, en coupant sans cesse les broussailles qui l’auroient formée.
Dans les pays moins méridionaux que le Bas-Dauphiné, la Provence & le Languedoc, &c. on ne peut se procurer ce joli arbre que par les semis. Ayez une terre légère, garnie de terreau ; semez dans des caisses en Février ou Mars, &, suivant le climat, placez-les dans de bons abris du vent du nord, ou bien enterrez-les dans une couche ; arrosez suivant le besoin, peu à la fois : les graines doivent lever six semaines ou deux mois après. Sortez les caisses de la couche ; placez-les sous des vitrages à l’approche de l’hiver & au printems suivant ;