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offre-t-il une figure régulière & des lignes droites : le plus souvent une forme indéterminée, des angles multipliés, une surface en pente, ou entrecoupée par des taillis, des fossés, &c. augmentent la difficulté & nécessitent des opérations compliquées. Les instrumens que nous venons de décrire, les principes que nous donnerons, les procédés simples que nous allons détailler pourront lever tous les embarras, & conduire à des résultats qui mériteront la plus grande confiance.

46. Mesurer une ligne droite & un parallélogramme régulier sur la terre avec la chaîne.

Quand il s’agit de mesurer une longue ligne droite AB, Fig. 28, sur le terrain, on se sert de la chaîne dont nous avons parlé (34). Deux personnes la portent ; celle qui va devant porte plusieurs piquets (32) : lorsque la chaîne est bien étendue en ligne droite, & bien alignée, un des porteurs pose un piquet E à l’extrémité de la chaîne, afin que l’autre qui va derrière puisse connoître où la chaîne a fini. Quand il est arrivé à ce piquet B, il s’arrête, & fait entrer le piquet dans l’anneau de la chaîne : dans ce tems-là, le premier pose un nouveau piquet F à l’extrémité de la chaîne qu’il tient, & le laisse en terre. Cette nouvelle opération finie, le dernier arrache le piquet E, & tous les deux marchent jusqu’à ce que le dernier rencontre le nouveau piquet F, où il s’arrête, & répète la même opération ; après quoi il arrache ce piquet & continue, &c. jusqu’à ce que le premier soit arrivé en B, extrémité de la ligne AB. À la fin de l’opération, on compte le nombre de piquets ramassés, qui indique le nombre de fois que la chaîne a été étendue. Or, comme la chaîne a une mesure déterminée, comme de quatre ou cinq toises, on voit facilement que la ligne AB, contenant tant de fois la chaîne, doit contenir tant de toises. La chaîne étant divisée par pieds, indique en même tems les pieds en plus ou en moins : ainsi, si l’on a trois chaînes & quart, si la chaîne est de six toises, on aura dix-neuf toises trois pieds, &c.

Quand on mesure, on doit avoir pour principe d’apporter la plus grande exactitude ; & comme dans l’arpentage l’usage de la chaîne est indispensable, on doit se faire une loi inviolable de ne pas se pardonner la plus petite négligence.

Si le terrain à mesurer est un parallélogramme régulier comme ABCD, Fig. 28, vous tracez sur un papier la figure à peu près telle qu’elle est ; puis vous mesurez les côtés avec la chaîne, & vous écrivez sur le brouillon le nombre de toises que vous avez trouvées sur chaque côté ; enfin, avec l’échelle des parties (28), vous prenez exactement dessus la grandeur réduite, indiquée par le nombre de toises trouvées.

La chaîne seule ne peut suffire que pour mesurer des terrains réguliers, ou, pour parler plus juste, elle ne doit servir qu’à mesurer des lignes droites : on doit employer dans tous les cas, ou le graphomètre, ou l’équerre d’arpenteur, ou simplement la planchette qui réunit les avantages de