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tous les deux. Cependant, comme il est possible que l’on soit pourvu de ces deux instrumens, nous allons donner les moyens de s’en servir utilement ; mais nous donnerons toujours la préférence à la planchette, à cause de sa sûreté & de sa commodité.

47. Mesurer un terrain avec le graphomètre.

L’emploi du graphomètre, ou demi-cercle d’arpenteur, Fig. 17, bien entendu, est d’une très-grande ressource ; mais il demande beaucoup d’usage & de pratique, & un peu de géométrie trigonométrique. Cependant nous tâcherons de l’expliquer si simplement, que tout le monde sera en état de s’en servir.

Pour lever le plan du champ ACDEB, Fig. 29, dont on peut appercevoir facilement tous les angles, on commence par choisir son côté le plus long en ligne droite comme AB, dont on mesure le nombre de toises avec la chaîne ; puis on fait planter des jalons (32) à chacun de ses angles, le plus d’aplomb qu’il est possible. On fait ensuite sur un brouillon une figure à peu près semblable à celle du champ, & l’on écrit à la ligne AB le nombre de toises trouvées sur le terrain. Placez le graphomètre à la place du piquet A, en sorte que bornoyant (c’est-à-dire, regardant à travers des pinnules) par les pinnules immobiles du diamètre GF, Fig. 17, vous voyez le piquet B, Figure 29 ; ensuite l’instrument demeurant ferme en cette situation, tournez l’alidade mobile HI, Fig. 17, de façon que par ses pinnules, vous puissiez voir le piquet C, Fig. 29. Remarquez quel angle fait la ligne de foi de l’alidade avec le côté AB, & marquez sur votre brouillon le nombre de degrés de l’angle BAC ; tournez ensuite l’alidade, de sorte que vous puissiez voir le piquet D, & écrivez les degrés de l’angle BAD : tournez encore l’alidade vers le piquet E, & marquez le nombre de degrés de l’angle BAE. Toutes les fois que l’on bornoie de nouveaux objets, il faut avoir l’attention d’examiner si l’instrument est toujours dans l’alignement du piquet B.

Cette première opération étant faite, on transporte le graphomètre & son pied à la place du piquet B, & on replante le piquet A. Là, on répète sur tous les piquets la même opération que l’on a faite à la première station ; & l’on marque sur le brouillon la valeur de chaque angle ABC, CBD, ABE.

Enfin, mettez au net la figure, en traçant exactement avec le rapporteur (45) tous les angles dont la valeur est marquée aux extrémités de la ligne AB, Fig. 29, d’où vous tirerez autant de lignes droites, & de leurs intersections CDE d’autres lignes AC, CD, DE, EB, qui formeront le plan proposé.

Ce procédé ne peut avoir lieu que lorsqu’on peut distinguer facilement tous les angles ; mais il est des cas où cela n’est pas possible, comme lorsqu’on veut lever le plan d’un bois, d’un taillis, d’un terrain très-spacieux, dans lesquels il se rencontre des buttes assez élevées ou des bâtimens, comme un château ou un village si considérables, qu’ils empêchent de distin-