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Il y a des positions qui sont encore plus mauvaises. Les pays secs, arides, sablonneux, offrent peu de richesses aux abeilles ; cependant on peut encore y en élever ; il ne s’agit que de proportionner le nombre de ruches à la nature du canton qu’elles habitent : il vaut mieux n’en avoir qu’une douzaine de bonnes, que vingt ou trente mauvaises, qui se détruiroient réciproquement, ou qui mourroient de faim. Il faut donc connoître le pays où l’on veut élever ces insectes ; examiner s’il abonde en choses qui leur sont nécessaires, & se régler sur cette connoissance pour le nombre de ruches qu’on veut avoir.


CHAPITRE III.

De l’Emplacement des Ruches.


Section première.

Manière de disposer les Ruches dans le Rucher.


Les planches qui forment les étages du rucher, doivent être clouées sur les piquets qui les soutiennent, afin qu’étant solidement attachées, elles ne soient point sujettes à vaciller ; ce qui occasionneroit des secousses dans les ruches, lorsqu’on en déplaceroit quelqu’une, qui troubleroient les abeilles, & détacheroient peut-être les gâteaux. On aura attention que les ruches ne se touchent point, & qu’il y ait de l’une à l’autre un intervalle de trois pouces environ : sans cela, quand on est obligé d’en déplacer une, soit pour la tailler, la transvaser, ou pour toute autre chose, on en dérangeroit plusieurs en même tems ; & c’est un inconvénient qu’il est bon d’éviter. Les essaims nouvellement mis en rang méconnoîtroient peut-être leur habitation, si elle étoit contiguë aux autres : les abeilles qui sortent pour la première fois, pourroient se tromper, & rentrer chez leurs voisines, au lieu d’aller chez elles : toutes ces méprises causeroient du trouble dans les différentes républiques, qui seroit suivi d’une guerre sanglante, où les deux partis perdroient beaucoup de citoyennes.

Dans l’arrangement des ruches, on doit les disposer de manière qu’on puisse librement en faire le tour, sans être dans la nécessité de les heurter, lorsqu’il est nécessaire de les visiter pour examiner si elles sont en bon état. Ces différens étages sont les tables des ruches qui doivent poser sur elles de tous côtés ; si les planches n’avoient pas le niveau qu’il convient, & que les ruches ne fussent pas solidement établies, il seroit absolument nécessaire de mettre par-dessous de petits coins de bois pour les soutenir. Quoique les ruches ne soient point exposées à l’air, on ne doit point se dispenser de prendre la peine de les coller sur leur support avec du pourjet ; c’est une peine qu’on évite aux abeilles, qui ne souffrent point d’autre ouverture que les portes de leur domicile. Le pourjet qu’on peut employer à cet effet est une espèce de ciment qu’on fait avec de la bouse de vache & des cendres passées à un gros tamis, afin que les