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au dessus une ou plusieurs pierres qui fassent un poids de quinze à vingt livres : pour les garantir de la pluie, on les couvre d’un surtout qui descend jusqu’à trois pouces de distance de la table ; ce surtout peut être fait avec des planches fort minces d’un bois très-léger qu’on enduit extérieurement d’une couleur à huile afin de le conserver, & dont la fraîcheur ni l’odeur ne puissent nuire aux abeilles. Quand on a beaucoup de ruches, le surtout en bois pourroit occasionner de la dépense, outre qu’il est peu commode quand il s’agit de l’enlever pour examiner les ruches : on peut donc en faire un en paille, plus commode & moins dispendieux ; on prend pour cet effet une botte de paille de seigle, on la lie fortement à un de ses bouts avec une corde ou un osier, on l’ouvre ensuite en cône creux pour la mettre sur la ruche. Dans bien des endroits on est dans l’usage de pratiquer un petit toit au-dessus de chaque ruche avec des planches ou de la paille ; cette toiture ne les garantit pas de la pluie qui est poussée par le vent : le surtout en paille doit être préféré.



CHAPITRE IV.

Des différentes espèces de Ruches.


Section première.

Forme des Ruches anciennes & de celles qui sont encore en usage dans la plupart des campagnes.


La matière & la forme des ruches ont été de tout tems extrêmement variées. Les anciens ne logeoient les abeilles que dans des troncs d’arbres qu’ils creusoient quand ils ne l’avoient pas été naturellement par les vers, ou dans des paniers d’osier ou de paille, auxquels ils donnoient une figure conique. En France, pendant long-tems, on n’employoit que des ruches en terre cuite ; on logeoit encore les abeilles dans des espèces de fours qu’on bâtissoit avec des briques : il étoit difficile d’imaginer des habitations plus incommodes & plus propres à faire périr ces insectes. En Allemagne, quatre planches égales qui formoient une boîte longue surmontée d’un couvercle en forme de toit, étoit le logement le plus ordinaire des mouches à miel. Dans d’autres pays, on les mettoit dans des paniers d’une figure conique, faits avec l’osier, la verne & autres bois lians, ou avec de la paille tressée. Ces espèces de ruches sont encore en usage dans bien des endroits, sur-tout dans les campagnes, où le préjugé tient fortement à la vieille méthode, parce qu’il ne connoît rien de mieux. La hauteur de ces sortes de ruches est assez ordinairement de trente pouces, sur vingt ou vingt-cinq de diamètre, pris dans leur plus grande largeur. Un gros bâton de deux pouces de diamètre environ, qui est introduit par le sommet du cône, tombe perpendiculairement à trois ou quatre pouces de la table ; il en reste un bout en dehors qui sert de poignée pour prendre la ruche : vers son milieu, il est percé de deux trous, dans lesquels passent deux autres bâtons qui se croisent, & qui y sont introduits avec force par les parois de la ruche ; ils contribuent à sa