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Section XIII.

Résumé des avantages & des inconvéniens de ces différentes sortes de Ruches, & du choix qu’on peut faire.


Quoiqu’on trouve son amusement à élever, à soigner des abeilles, & que la curiosité soit satisfaite, on aime cependant à profiter d’une partie de leur travail & des fruits de leur industrie, pour se dédommager des soins qu’on leur rend, de la dépense qu’on est obligé de faire pour les loger. Il est donc important de leur procurer une habitation qui leur plaise, où elles puissent travailler avec aisance, qui entretienne leur ardeur, leur activité sans les décourager : il faut en même tems que cette habitation soit peu dispendieuse, & d’un entretien modique, afin qu’on puisse avec facilité multiplier les abeilles pour profiter des richesses qu’elles amassent ; qu’elle soit commode pour les soigner & pour partager avec elles le fruit de leurs travaux, sans être exposé aux traits de fureur qu’elles se permettent quand on veut toucher à leurs provisions, & sans les exposer elles-mêmes, ni la famille qu’elles élèvent, à aucune sorte de dangers.

Toutes les ruches dont nous avons donné la description ne réunissent pas ces avantages. Les premières, qui ne sont que des paniers ou des boîtes longues, qu’on nomme les ruches de l’ancien systême, sont l’habitation la plus incommode pour les abeilles, celle qui offre plus de difficulté pour les soigner, & pour enlever une partie de leurs provisions lorsqu’elles sont trop abondantes. Ce n’est qu’avec beaucoup de peine qu’on peut les nettoyer & leur donner la nourriture dont elles peuvent avoir besoin : encore est-on toujours exposé à leur colère, ou à déranger leurs ouvrages. Si les fausses teignes y établissent leur demeure, la ruche est perdue ; il n’est point possible de les détruire, à moins qu’on ne sorte tous les gâteaux, & qu’on ne fasse passer les abeilles dans un autre logement. Dans tout le tems de la plus abondante récolte, il peut arriver qu’elles n’aient plus de place pour mettre les provisions qu’elles sont en état d’amasser journellement ; il faudroit donc enlever une partie de celles qui sont surabondantes : eh ! comment faire cette opération, qui est toujours périlleuse, principalement dans une saison où les abeilles, en pleine vigueur, se jettent avec colère sur celui qui entreprend de faire ce vol ? C’est encore dans ce tems qu’une nouvelle famille est tous les jours sur le point de paroître ; il faut donc connoître les cellules où elle est élevée, autrement on court les risques de la détruire en portant un fer meurtrier sur les gâteaux où elle est renfermée. Tous les momens ne sont pas propres pour faire cette opération ; il faut s’y disposer de grand matin, afin de profiter de l’engourdissement que leur a occasionné la fraîcheur de la nuit : on est obligé de les fumer fortement pour les forcer à se réfugier au sommet de la ruche, & précisément c’est dans cette partie qu’il faudroit enlever leurs provisions, pour épargner le couvain qui est au milieu : que d’abeilles alors ne

sont