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Racine, fibreuse.

Port. Tige ou chaume articulé, haut d’un pied ou deux ; les épis naissent au sommet, l’assemblage des fleurs forme un panicule, & les fleurs sont portées par des péduncules.

Lieu. On ne connoît pas le pays où cette plante est indigène ; cependant, si on s’en rapporte à l’observation d’Anson, on sera porté à penser qu’elle croît spontanément dans l’île d’Ivan Fernandez, aux environs du Chili. Cette plante étoit cultivée en Europe, long-tems avant la découverte du nouveau monde, puisque Pline, dans le dix-septième livre de son Histoire Naturelle, dit que la bouillie de farine d’avoine faisoit une des principales nourritures des allemands, & que les médecins se plaignoient de ce qu’il y avoit si peu de malades dans cette nation.

II. De ses espèces. Si on les considère botaniquement, on en comptera seize ; mais cette manière de voir est étrangère au but de cet Ouvrage. Je parlerai seulement de celles qui sont utiles à l’agriculture par les grains qu’elles fournissent, soit pour la nourriture de l’homme, soit pour celle des animaux. Je rangerai même au nombre des espèces, plusieurs individus que les botanistes regardent comme des variétés.

L’agriculteur, strictement parlant, n’admet que deux espèces : celle que nous venons de décrire, avena sativa, & l’avoine nue, avena nuda ; la première fournit l’avoine blanche, l’avoine noire, l’avoine brune, l’avoine rouge foncé, & ce sont les espèces agricoles, & qui se perpétuent. L’avoine nue est un être à part & isolé ; je ne connois aucune variété constante de cette espèce ; cependant il peut y en avoir. La culture a tant de pouvoir, qu’elle en crée chaque jour. Les premières ne différent essentiellement que par leur couleur, & ces couleurs se soutiennent. Après avoir examiné avec soin les fanes des plantes avant la maturité du fruit, je n’ai apperçu aucune différence assez caractérisée.

L’avoine la plus estimée, est celle dont la couleur du grain approche davantage de la noire ou de la brune ; mais il ne faut pas confondre notre avoine blanche avec une nouvelle espèce d’avoine blanche, cultivée depuis peu dans quelques cantons de la France, où elle a été transportée de Pologne & de Hongrie. Je ne l’ai pas encore vue ; elle est connue sous ces deux dénominations, & en Angleterre on l’appelle encore avoine d’Écosse ou de Hollande. Voici ce qu’en dit M. Buc’hoz dans son Histoire universelle du Règne végétal, d’après un gentilhomme lorrain, qu’il ne nomme point :

« On est en usage, presque dans toute la France, de juger de la bonté de l’avoine par sa couleur ; plus elle est noire, plus elle est estimée à Paris. L’avoine de Hongrie n’a pas cet avantage, c’est tout le défaut qu’on lui connoisse, si on peut appeler défaut ce qui n’a d’autre fondement qu’un pur préjugé. La facilité que cette avoine a de s’égrener sur pied, la rend plus difficile à couper que l’avoine ordinaire ; elle exige plus de tems & de soin pour cette opération, par l’adhérence du grain aux capsules qui le renferment &