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sence du cultivateur, une ou deux poignées de ce grain. Le grain bien formé, bien nourri, se précipita au fond, & le grain mauvais resta sur la surface. Ce grain, mis à sécher pendant quelques jours, je l’ai semé ensuite avec beaucoup de précaution, & il n’en leva pas la centième partie. On verra dans l’article suivant d’où provient cette perte réelle.

Il n’est donc pas surprenant qu’il faille jeter en terre une très-grande quantité de grains, puisque la moitié de la semence est nulle, même avant d’être employée. Que faut-il donc faire ? Passer par l’eau toute la semence, & avec de larges écumoires lever tous les grains qui surnagent, les mettre sécher, les conserver & les donner aux oiseaux de basse-cour. Ils les nourriront peu, il est vrai, mais ils lesteront leur estomac, ce qui est un grand point.

Les bons grains seront, aussitôt après, sortis de l’eau & jetés dans une eau de chaux. (Voyez le mot Échauler) Après les avoir retirés de cette eau, mis à sécher, ils seront semés aussitôt après. Dès lors on sera sûr que tout grain enterré dans les proportions convenables, germera & donnera une belle plante.

Je conviens que je multiplie ainsi les manipulations ; mais leur prix est-il en proportion de la perte de presque une moitié franche de semence dans la terre, & dont cependant on peut tirer quelque parti, non-seulement pour les oiseaux de basse-cour, mais encore pour les bœufs, les chevaux ? &c. Ce grain vide, vaudra encore mieux que la paille ; le goût leur en plaira davantage.

Après que l’avoine est semée, & lorsque les mauvaises herbes commencent à paroître, il est absolument nécessaire de sarcler, & de sarcler toutes les fois qu’il en paroît ; ces mauvaises herbes dérobent la subsistance des bonnes plantes, & l’avoine est celle qui en a le plus grand besoin.

V. Du tems & de la manière de récolter l’avoine. On la cueille, ou un peu avant la maturité, ou à sa maturité ; on la coupe ou avec la faux ou avec la faucille. Ces objets méritent d’être examinés chacun séparément.

1o. Avant la maturité complette. L’avoine s’égrène aisément ; donc pour ne rien perdre, il faut la couper avant qu’elle soit bien mûre. Combien ce sophisme n’est-il pas préjudiciable au cultivateur ? Je conviens que si on attend sa maturité il y aura du grain perdu. Évaluez cette perte ; à la rigueur ce sera un quart : mais quand votre avoine, cueillie avant sa maturité, aura été battue, bien séchée & prête à mettre dans le grenier, c’est le cas de se servir du vase plein d’eau dont on a parlé, & vous verrez qu’il y aura une perte de moitié ou au moins d’un grand tiers. Si vous faites cette expérience cinq ou six mois après, la perte sera encore plus frappante, parce que le grain aura eu le tems de bien sécher.

2o. À sa maturité. Tant que les tiges sont encore vertes, & que cette couleur tire sur le blanc, le moment de la couper n’est pas encore venu ; il faut que la feuille soit complétement fanée, & la couleur de la tige doit être d’un jaune doré.

Si vous craignez de perdre du grain, en raison du tems qui s’é-