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vaux, des bœufs, des moutons, &c. lorsqu’on ne les paye pas sur le champ.


ARRIÈRE-FAIX. (Voyez Accouchement)


ARRIÈRE-FLEUR. Ce mot n’est pas encore généralement reçu, & il manque au jardinage pour désigner les fleurs qui paroissent sur un arbre, & contre toute attente, ou pendant l’été, ou pendant l’automne, quoiqu’il ait fleuri au printems, & que ses fleurs se soient aoûtées.

Cette seconde fleuraison annonce toujours l’état de souffrance de l’arbre par une cause quelconque. La sécheresse du printems ou de l’été en est souvent la cause. La séve a langui dans ses canaux ; elle a été trop peu abondante ; & s’il survient, après un long espace de tems de sécheresse, une pluie assez considérable pour pénétrer jusqu’aux racines, la séve reprend ses droits, monte avec impétuosité ; mais comme elle trouve d’abord les diamètres de ses conduits trop resserrés, elle s’emporte vers ceux qui le sont moins, & force les boutons à fruit qui auroient épanoui l’année suivante, d’épanouir alors.

Il paroît encore d’arrières-fleurs, sur-tout sur la vigne, dans les pays chauds, lorsqu’on a arrêté ou pincé les sarmens. On voit dans la cour d’une des principales auberges de la ville d’Orléans, je crois l’Empereur, un marronnier d’inde chargé de fleurs au mois de Septembre, quoiqu’il ait fleuri au printems. Il est aussi verd que les autres marronniers de la même cour ; sa végétation est la même. Quelle est la cause de ce phénomène ? je n’ai pu la découvrir.

Il ne faut pas confondre ces arrières-fleurs avec celles des arbres fruitiers, ou tels autres, qui poussent en Décembre ou en Janvier, si la chaleur de l’atmosphère subsiste jusqu’à cette époque. Ce phénomène arriva dans les environs de Lyon en 1745 : tous les amandiers & les pêchers étoient en fleur le 6 Janvier, & le 7 il ne resta plus une seule fleur sur les arbres.

On a vu en 1722, en Portugal, dans la province des Algarves, pendant les mois de Décembre & de Janvier, des arbres verds & fleuris comme au printems, des prunes, des poires aussi mûres & aussi bonnes qu’au mois de Juin ; des figues aussi grosses qu’en Avril & qu’en Mai ; des vignes qui avoient déjà des grappes de verjus, &c. Cette douceur dans la température de l’atmosphère se fit également sentir en France, quoiqu’elle soit située beaucoup plus au nord que le Portugal ; on ne fut pas obligé de couvrir les artichauts pour les préserver des gelées, & leur végétation se continua, ou plutôt devança tellement la saison ordinaire, que le 14 Janvier 1723, on coupa des artichauts d’une grosseur suffisante pour être mis en ragoût. La belle expérience de M. Duhamel, rapportée pag. 458, au mot Amandier, rend raison de ce phénomène, qu’il ne faut pas confondre avec celui de l’arrière-fleur.


ARROCHE. Les botanistes en comptent huit à dix espèces, sans comprendre dans ce nombre plusieurs variétés ; mais pour ne pas sortir de la loi que nous nous