Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

a descendu le Rhône dans un bateau, qui s’est embarqué à Toulon pour Gênes, puissent flotter encore dans l’air, & être ramassés par la baguette, après un espace de tems si considérable ? Non-seulement cette idée est ridicule, mais elle est révoltante par les funestes conséquences que l’on en peut tirer ; & certes les juges de Lyon seroient coupables s’ils avoient condamné l’assassin du marchand de vin, sur les seuls indices de la baguette de Jacques Aimar, que l’on a reconnu dans la suite pour un fourbe & un fripon. Nous en disons autant de Bletton de Bourgogne.

Faut-il donc se contenter de mépriser cet espèce de charlatan, dont le théâtre est toujours dans les campagnes, au sein de l’ignorance & de la crédulité ? Non, il faut faire plus, il faut dévoiler leur imposture, les confondre, & chercher à désabuser le peuple qui en est toujours la dupe. C’est aux curés & aux seigneurs à remplir ce devoir essentiel. Plus ils sont élevés par leur état & leurs connoissances au-dessus de la classe des simples citoyens, plus ils lui doivent leurs soins & leurs secours. Les besoins de l’esprit sont aussi intéressans que ceux du corps ; les instituteurs, & les pères des gens de la campagne, doivent veiller & sur leurs biens physiques, & sur les maux que la préoccupation & l’ignorance peuvent causer parmi eux. M. M.


BAIE. C’est un fruit mou, succulent, charnu, d’une forme ordinairement arrondie ou ovale, renfermant une ou plusieurs semences au milieu d’une pulpe. Ces semences sont tantôt sans apparence de loge, tantôt avec des loges. La couleur de ce fruit varie dans les différentes espèces ; l’arbre ou l’arbuste qui le porte, prend de là le nom de baccifere.

Suivant M. Linné, la nature en formant ces baies, a voulu remplir deux objets : le premier, de fournir une nourriture abondante aux oiseaux, & le second de favoriser la multiplication des bacciferes. En effet, les oiseaux attirés par le goût de ses fruits, les enlèvent de dessus les branches, se nourrissent de leur pulpe succulente, & laissent tomber çà & là les semences qui y étoient renfermées ; la terre les recueille dans son sein, où elles trouvent bientôt les principes nécessaires à leur végétation.

On distingue assez généralement les baies, & par leurs formes, & par le nombre des semences qu’elles contiennent : celles du fustet, de l’épine blanche, de l’obier, du filaria, de la laureole mâle & femelle, du thym, de la viorme & du guy, sont succulentes & ne renferment qu’une seule semence ; (voyez pour la planche, le mot Bulbe, fig. l. A & B. B est le noyau.) Celles du chevrefeuille, de l’alizier, du jasmin, du stirax, de l’asperge, du raisin de mer, (fig. 2) de l’épine-vinette, (fig. 3) & de la bourdaine. (fig. 4) On trouve trois semences dans les baies du sureau, du petit houx, du genevrier, du nerprun, (fig. 5) & de l’alaterne ; (fig. 6) on n’a représenté ici que les noyaux.

Il y a quatre semences dans les baies du troêne, de l’agnus-castus, du houx. (fig. 7. A est la baie ; B les semences.)

On en trouve ordinairement cinq dans les baies du raisin, de la bousserole, de l’airable, de plusieurs espèces de néfliers, & dans celles du lierre.