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de pénétrer ; l’eau par sa pesanteur, spécifiquement plus lourde que l’air, exerce sur le corps une pression très-forte ; les fluides se portent vers les lieux où la résistance est moindre ; & comme la tête est exposée à l’air, c’est ordinairement dans cette partie que se font les ravages, ou dans la poitrine, si primitivement ou accidentellement cette partie est foible.

Il est facile, non seulement d’obvier à ces accidens que causent les bains tièdes, mais il est encore aisé de rendre ces derniers très-salutaires : il ne s’agit que d’employer les procédés suivans.

Après avoir laissé quelques minutes le corps plongé dans l’eau tiède, retirez-le de ce fluide, & avec des linges secs & un peu chauds, faites quelques frictions légères sur toutes les parties du corps ; replongez-le dans l’eau ; réitérez deux ou trois fois ces moyens, & vous enleverez ces croûtes huileuses & épaisses qui bouchent l’orifice des pores ; vous faciliterez l’insensible transpiration, & l’entrée des parties adoucissantes les plus fines de l’eau tiède, & ces bains tièdes procureront les plus grands avantages.

Les bains froids. On sait que l’usage des bains froids remonte à la plus haute antiquité ; leur effet est de fortifier les parties foibles : c’est pour cette raison qu’ils sont si avantageux aux enfans ; ils exigent, il est vrai, de la prudence dans leur administration ; il ne faut pas exposer brusquement les enfans dans l’eau, on doit commencer par laver successivement chacune de leurs parties avec de l’eau froide, & on parvient ensuite à leur baigner le corps entier sans courir le plus léger risque.

Les bains froids conviennent encore souverainement dans les maladies nerveuses ; mais il faut que le malade n’ait point d’obstructions, parce qu’alors ils ajouteroient au désordre plutôt que d’y remédier.

Le bain froid avec le savon & le sel réussit bien dans les rhumatismes chroniques, & point du tout inflammatoires.

Les demi-bains s’emploient lorsque le malade ne peut pas supporter les bains entiers.

Les bains par partie s’emploient de même que les bains entiers, froids ou tièdes.

Les bains froids par partie, réussissent dans les pertes considérables ; on plonge dans un seau d’eau froide les pieds de la malade ; mais comme ce moyen exige des connoissances profondes dans l’art de guérir, nous renvoyons ce que nous avons à en dire à l’article des hémorragies & pertes des femmes.

Les bains de pieds tièdes sont utiles dans les retards des règles & dans leur suspension, dans les douleurs de tête & de poitrine ; dans les rhumes, dans les coups à la tête, dans les évanouissemens, dans les spasmes & dans les convulsions ; enfin dans tous les cas où il s’agit de faire une dérivation du sang qui se porte plus abondamment dans une partie que dans une autre.

Il existe encore des cas dans lesquels les bains en général conviennent, & nous aurons soin de les indiquer dans le courant de cet Ouvrage.

Nous ne pouvons terminer cet article sans faire des vœux bien ar-