Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/147

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plonge que la moitié du corps, & le bain par partie est celui dans lequel on ne plonge que quelques parties du corps, les pieds ou les mains, &c.

Le bain est simple ou composé ; il est froid ou chaud. Le bain simple est celui dans lequel on se sert de l’eau simple ; il est composé quand on fait bouillir dans l’eau quelques plantes émollientes, mucilagineuses ou aromatiques.

Le bain chaud est nuisible dans tous les cas, parce que la chaleur faisant augmenter le volume des différentes liqueurs qui circulent dans le corps humain, il s’ensuit nécessairement des hémorragies dangereuses par la poitrine, par le nez, par les oreilles, par la vessie ou par le fondement ; il ne faut jamais employer que le bain tiède : on a coutume de se servir de thermomètre pour graduer le degré de chaleur qu’on veut obtenir ; mais cette méthode est très-défectueuse : les hommes n’ont pas le même degré de sensibilité dans l’organe du tact répandu sur toute la superficie du corps ; dans l’un la sensibilité est exquise, & dans l’autre elle est plus émoussée ; or, d’après ce fait il est très-aisé d’appercevoir combien l’usage des thermomètres est défectueux, tout scientifique qu’en soit l’appareil ; il s’ensuit que tel trouvera l’eau chaude, tandis que tel autre la ressentira froide : c’est la main du malade qui doit servir de thermomètre, & alors il sera certain de prendre un bain qui, loin de lui nuire, remplira l’intention qu’on se propose dans son usage.

Les bains tièdes entiers conviennent dans tous les cas où il faut détendre, relâcher, amollir, & rendre aux fluides desséchés, l’humidité qui entretient leur fluidité ; dans les rhumatismes aigus, après avoir fait précéder les saignées, suivant l’exigence des cas, dans toutes les suppressions de transpiration & dans les inflammations de bas ventre, les bains tièdes doivent marcher à la tête des principaux remèdes propres à rétablir le calme. On ne tire pas des bains tièdes tout l’avantage dont ils sont susceptibles, parce qu’on ignore les moyens capables d’ajouter à leur effet salutaire ; il n’est pas rare même de voir les bains tièdes produire des effets opposés à ceux qu’on en attendoit. Pour obvier à ces inconvéniens nous allons exposer nos idées sur cet objet important.

On doit savoir que le corps humain est ouvert dans toute sa superficie, par des milliers de petits trous nommés pores, dont l’usage est de laisser passer l’insensible transpiration & la sueur, & de repomper dans les fluides qui l’environnent, des portions, soit d’air, soit d’eau : or, ces émanations se font sous la forme de vapeurs imperceptibles ; ces vapeurs sont bientôt condensées par le contact de l’air, & elles s’épaississent sur la peau. Ces différentes couches épaissies bouchent les pores qui sont faits pour repomper des parcelles d’air ou d’eau, & nuisent à la sortie de l’insensible transpiration & de la sueur ; ces deux émanations rentrent dans la masse du sang, & portent le ravage dans la machine. Si on plonge le corps dans l’eau, ces couches épaisses & huileuses empêchent l’eau