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sur couche, & lui donner au moins l’orangerie pendant l’hiver, dans les provinces du nord. Bien abritée & garnie de paille, elle passe l’hiver en pleine terre dans nos provinces méridionales.


BALIVAGE, BALIVEAU. Quoique ces deux mots aient chacun une signification différente, ils ont trop de rapport l’un avec l’autre pour les séparer. Balivage est un terme d’eaux & forêts, qui signifie la marque du roi, du grand maître ou du maître particulier, ou du gruyer, ou enfin, du particulier, qui doit être empreinte sur les baliveaux à conserver. Le mot balivage se dit encore de l’action de compter les baliveaux.

Par baliveau, on veut dire un arbre réservé dans la coupe des bois taillis, & choisi pour le laisser croître en futaie. Il doit être de chêne, de hêtre ou de châtaigner.

Les qualités d’un bon baliveau sont d’être bien droit, de la hauteur des taillis, les branches de la tête bien ramassées vers la tige, & en quantité proportionnée à sa grosseur. Ces baliveaux viennent de semence ou sur souche ; les premiers sont appelés brins de semence, & les seconds brins de pied, quand ils sont seuls sur la souche ; mais s’il s’en trouve plusieurs on les nomme brins de souche. Ces derniers sont les moins propres à former de bons baliveaux. Les ordonnances de nos rois, en forçant & prescrivant le nombre de baliveaux qu’on doit laisser par arpent en coupant un taillis, ont eu pour but de conserver en France à peu près la même quantité de bois, & former de nouvelles forêts, dans la vue de suppléer les anciennes à mesure qu’on les abat.

Le baliveau de deux coupes est souvent appelé perot, celui de trois coupes tayon.

On distingue trois sortes de baliveaux ; 1o. ceux d’âge ; 2o. les baliveaux modernes ; 3o. les baliveaux anciens.

1o. Des baliveaux d’âge. Ceux qui sont de l’âge du taillis, c’est-à-dire venus de semence, en même-tems que lui, portent ce nom : au défaut du chêne, l’ordonnance prescrit le hêtre, le châtaignier ou autre arbre de la meilleure essence ; l’ordonnance prescrit d’en laisser seize par arpent de taillis, & dix par arpent de futaie. L’arpent des eaux & forêts, réglé par l’ordonnance, est de cent perches carrées la perche de 22 pieds : ainsi, cet arpent est de 1344 de superficie. On choisit les plants les plus droits, les mieux venans pour baliveaux ; il est permis aux particuliers de couper ceux venus sur taillis quand ils auront acquis l’âge de quarante ans.

2o. Les modernes sont les baliveaux âgés de deux & trois âges. Dans les taillis qu’on coupe tous les vingt ans, un moderne peut avoir quarante ou soixante ans ; dans ceux de vingt-cinq ans, ils ont cinquante ou soixante-quinze ans, & ainsi de suite à proportion des âges ; cependant le vrai baliveau moderne est de deux âges au moins, & de trois au plus.

Pour établir la réserve des modernes, on en fait le choix dans les baliveaux taillis qui ont été réservés de l’âge lors des deux dernières exploitations : il ne faut pas