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s’attacher à l’âge le plus grand, parce que quelque fois il arrive qu’un moderne de deux âges, est plus beau qu’un autre de trois âges. On doit principalement s’appliquer à la vigueur de l’arbre, afin qu’il puisse encore profiter, & rapporter l’intérêt de son capital au bout de la révolution d’âge qui doit s’écouler avant la seconde exploitation, & même s’il se peut pendant les révolutions suivantes, afin de former un arbre de la grosse taille lorsqu’il aura acquis le titre de baliveau ancien. Pour cela, il ne faut point qu’il soit élandré, encore moins pommier, rabougri & couronné ; il faut au contraire qu’il ait toutes les perfections qu’on peut desirer. Quand les premiers baliveaux de l’âge ont été bien choisis, il est facile d’en extraire les meilleurs à la révolution suivante, pour le nombre des modernes ; mais si le mauvais état des taillis n’a pas permis d’en avoir de bons, il vaut beaucoup mieux augmenter le nombre des baliveaux de l’âge, & diminuer celui des modernes, que de perpétuer l’existence de mauvais sujets, capables de nuire aux taillis, & incapables de valoir un sol de plus aux propriétaires lorsque la révolution suivante sera accomplie, à moins toutefois qu’on ait besoin de multiplier les étalons pour se procurer des semences.

3o. Des anciens. Les baliveaux anciens sont ceux qui ont plus de trois âges, ou au moins quatre âges. Un baliveau est déjà ancien à quatre-vingt ans, dans un taillis de vingt ans ; il est ancien à l’âge de cent ans, dans un taillis de vingt-cinq ans ; & il l’est également à l’âge de cent-vingt ans, dans un taillis de trente ans, & ainsi de suite.

On choisit les anciens dans le nombre des modernes qui ont acquis trois âges accomplis : pour cela il faut choisir les plus gros, les plus vigoureux & les plus beaux arbres de la forêt ; que le tronc soit droit, bien élevé ; qu’il porte ses branches en les ramassant vers la tige ; que sa tête en soit garnie à proportion de sa grosseur.

En suivant l’ordonnance à la rigueur, il est constant que tous les bois taillis des gens de main-morte devroient à la longue former des futaies composées d’arbres de tout âge, puisqu’à la première coupe on doit réserver 16 baliveaux par arpent ; les 16 de la seconde avec les 16 de la première forment 32 à la troisième ; ces 32 avec les 16 nouveaux en feront 48, & ainsi, en augmentant toujours du nombre de 16, on aura à la fin une forêt. Ces détails sont tirés du Manuel forestier de M. Guyot, garde-marteau de la maîtrise de Rambouillet.

Il se présente deux questions. 1o. La méthode de conserver les baliveaux est-elle avantageuse ? 2o. Est-il possible de suivre une méthode plus avantageuse, en conservant le nombre des baliveaux ?

Établissons quelques principes, 1o. Toutes les semences d’arbres germées tendent, en sortant de terre, à pousser une tige perpendiculaire. 2o. Si la tige qui doit former l’arbre se trouve isolée, elle poussera des branches latérales, formera promptement sa tête, & s’élèvera peu, proportion gardée. 3o. Si tous les trois ou qua-