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confondu pendant long-tems cette plante avec celle qui fournit le jalap des boutiques. C’est un vrai liseron que nous ferons connoître sous le nom de Jalap. (Voyez ce mot) M. Tournefort la place dans la troisième section de la seconde classe, qui comprend les herbes à fleur d’une seule pièce, dont la forme ressemble à celle d’un entonnoir, & dont le calice devient l’enveloppe du fruit, & il l’appelle jalapa flore purpureo. M. Linné la classe dans la pentandrie monogynie, & la nomme mirabilis jalapa.

Fleur, en forme d’entonnoir, à cinq découpures, échancrées & plissées. En B, elle est représentée ouverte, pour faire voir la disposition des parties sexuelles. Le tube est étroit, alongé, renflé par le haut, fixé sur un nectar rond. La fleur est composée de cinq étamines, & d’un pistil, représentés séparément en C. Le calice D est d’une seule pièce, & découpé en cinq lobes.

Fruit E : espèce de petite noix brune, ovale, à cinq côtes, dont la cavité F, représentée ouverte, contient la semence G.

Feuilles, ovales, terminées en pointe ; celles des tiges sont portées sur des pétioles ; & celles d’entre lesquelles les fleurs naissent, sont adhérentes aux tiges.

Racine A, grosse, noirâtre en dehors, blanches en dedans, charnue comme un navet, cassante, & longuement pivotante.

Port. La tige s’élève à la hauteur de deux pieds & plus ; elle est herbacée, ferme, noueuse, très-branchue ; les fleurs naissent au sommet, rassemblées en manière de tête, & les feuilles sont opposées. Les fleurs varient singuliérement dans leurs couleurs, & sur le même pied. Il n’est pas rare d’en voir de rouges, de blanches, de blanches fouettées de rouge ; de toutes jaunes, & des jaunes fouettées de rouge.

Lieu. Originaire d’Amérique, & cultivée dans les jardins où elle fleurit depuis le mois de Juin jusqu’aux gelées. La plante repousse de la racine pendant plusieurs années de suite, si la gelée ne pénètre pas jusqu’aux racines. J’en ai fait arracher de terre, de plus grosses que la cuisse.

Propriétés. Comme pendant long-tems le vrai jalap a été inconnu, on se servoit de la racine de belle de nuit, & l’expérience a prouvé qu’elle est un purgatif hydragogue, peut-être moins doux que celui du vrai jalap, mais qui peut être employé avantageusement & à petites doses pour l’homme & pour les animaux. La racine a un goût âcre & nauséabonde.

Usage. La dose de la racine, réduite en poudre est, pour l’animal, depuis deux drachmes jusqu’à demi-once ; & pour l’homme, de douze à quinze grains, associés avec d’autres purgatifs ; cependant il vaut mieux préférer le jalap qui nous vient de l’Amérique par la voie de Marseille & de Bordeaux.

Culture. Il est surprenant que cette plante, depuis si long-tems entre les mains des jardiniers ou des fleuristes, n’ait éprouvé d’autre variété que dans les couleurs de ses fleurs ; enfin, qu’à force de soins & d’engrais, on n’ait pas encore obtenu de fleurs plus grandes ou doubles. On peut la semer à de-