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riture des animaux, doit être conservée pour la litière ; il est donc très-avantageux qu’on en consomme une grande quantité. Si la paille est rare ; si on n’en a que pour la nourriture des animaux, un ménager attentif aura soin d’envoyer dans les terrains incultes, couper des buis, des genêts, des joncs ; de faire de grands amas de feuilles, &c. &c., & il suppléera ainsi la paille. S’il ne veille pas sur ce point important, il sera trompé. D’ailleurs, c’est l’ouvrage des femmes, des enfans, & un âne ou deux seront destinés à faire les charrois. Un filet à larges mailles suffit pour renfermer & transporter les feuilles. Enfin, si on est dans l’impossibilité de se procurer de quoi faire des litières abondantes, on ramassera beaucoup de sables, & chaque semaine on en jettera une quantité suffisante sous les moutons ; par exemple, deux ou trois pouces de hauteur ; & la semaine suivante, il sera amoncelé en un tas, à l’abri de la pluie. Cet engrais est excellent, sur-tout pour les terres argileuses, (voyez Argile) crayeuses, marneuses ; en un mot, pour toutes les terres compactes, vulgairement & mal à propos appelées froides.

V. Des meubles de la bergerie. Ils consistent en râteliers, lits des bergers, & instrumens nécessaires à sa propreté.

Le râtelier, suivant les dénominations de certaines provinces, est désigné par ces mots, bierre, galerre, berceau. Il y a deux manières de placer les râteliers, ou contre les murs, tout le tour de la bergerie, ou dans le milieu, suivant toute sa longueur. Je préférerois cette seconde méthode, parce qu’en fermant avec une simple claie les deux extrémités, on sépare les bêtes, que, pour des raisons quelconques, on ne veut pas laisser confondues avec les autres ; par exemple, les mères avec leurs petits, ou les mères seulement, &c.

Suivant la coutume de certaines provinces, les râteliers sont simplement suspendus de distance en distance, avec des cordes ; & dans d’autres ils sont stables, & ne varient point pour la hauteur. Ces deux manières ne sont pas sans inconvéniens. Si un mouton se jette avec avidité contre le râtelier mobile ; s’il est poussé par un autre, le mouton opposé, dont le museau est trop rapproché du râtelier pour y prendre sa nourriture, reçoit alors un coup dans les dents, & la meurtrissure des lèvres ou du museau, est en raison de la force d’impulsion que le râtelier a reçue.

Si le râtelier est stable & bas, les moutons qui jouent dans la bergerie comme aux champs, s’amusent à le franchir, & sont dans le cas, à cause de leur maladresse, de se blesser. S’il est plus relevé, ils passent par-dessous, se frottent contre, & altèrent leur toison. Ces râteliers permanens ont le désavantage de devenir plus bas de jour en jour, puisque chaque jour la litière s’élève par l’addition de la paille ou des feuilles, &c. ; puisqu’elle parvient à la hauteur de dix-huit pouces ou de deux pieds, lorsqu’on ne nettoie la bergerie qu’une ou deux fois dans l’année. Si, pour parer à cet inconvénient, on fixe le râtelier dans une position moyenne, il est trop haut dans les commencemens,