Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/249

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de Naples, de Florence, de Rome ? &c. &c. Il en est ainsi de toutes les épizooties ; & les propriétaires qui ont tenu leurs bestiaux renfermés dans les écuries, & qui ont empêché qu’ils ne fussent visités par les médecins ou maréchaux ambulans, les ont préservés de la contagion.

2o. L’entretien domestique du bétail absorbe tout le profit. Cette objection est simplement captieuse. Il faudra, j’en conviens, faucher les foins, les voiturer, &c. Mais si l’animal en consomme moins dans l’écurie ; s’il se porte mieux ; si les vaches fournissent plus de lait, qu’aura-t-on à répondre ? C’est ce qui sera prouvé plus bas. Le grand avantage de cette méthode vient de la multiplicité des engrais qu’on se procure. Un de nos rois demandoit à un de ses généraux, quels étoient les points principaux pour maintenir une armée en campagne & en bon état. Il répondit : Sire, de l’argent ; & quoi encore ? de l’argent, & de l’argent. Si on demande quel est le moyen le plus sûr d’avoir d’abondantes récoltes ? je répondrai : Des engrais ; & quoi encore ? des engrais, des engrais.

3o. Objection. Que faire des pâturages ? quel parti en tirera-t-on ? où prendre cette quantité de fourrages que consommeront des bêtes tenues toute l’année à l’étable ?

Les économes suisses estiment qu’en général une vache à lait d’une taille moyenne, consomme pendant la saison du pâturage, le fourrage de quatre arpens, chacun de trente-six mille pieds carrés, & il faut que le terrain en soit bon, s’il peut suffire à nourrir la vache depuis le 10 Mai jusqu’au 15 Octobre. En prenant cette estimation pour base du calcul, & supposant en conséquence, qu’un homme veuille entretenir sur sa terre vingt pièces de gros bétail, pendant l’hiver & pendant l’été ; ces vingt bêtes auront donc besoin, pour leur entretien, de quatre-vingts arpens de pâturages, qu’il faudra partager en différens enclos, afin qu’ils puissent être broutés alternativement, & que l’herbe ait le tems de repousser dans ceux que le bétail quitte. Si l’animal pâture indistinctement par-tout, il gâtera plus d’herbe qu’il n’en consommera. Voilà donc déjà une première dépense pour l’enclos. Si les enclos sont supprimés, il faut nourrir & payer les gages d’un berger.

Supposons que ce pâturage soit trop éloigné des étables, pour que le foin pût être fauché deux fois par jour, & y être transporté commodément pour la nourriture des vingt bêtes ; qui est-ce qui empêcheroit de construire au milieu de ce pâturage, une étable de quarante pieds de long sur vingt pieds de large, laquelle pût, au besoin, être construite de branches entrelacées, & simplement couverte de mousse, de paille ? le bétail y seroit suffisamment à l’abri pendant les trois saisons ; il y seroit nourri en vert aussi-bien que dans un bâtiment plus solide, & pourroit être conduit sur le soir & sur le matin, à l’abreuvoir le plus rapproché. Tous ceux qui savent quelle quantité d’herbe est foulée par les pieds des bêtes qui paissent, & gâtée par leur souffle, verront tout d’un coup que ces vingt bêtes n’auront pas