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plutôt, cette matière cotonneuse ne seroit-elle pas elle-même la matière de la transpiration épaissie sur l’épiderme & sur l’écorce ?

M. de Villehervé, cet excellent observateur, & à qui nous devons la publication de la Pratique du Jardinage, de M. l’abbé Roger Schabol, a suivi attentivement cette maladie, & a remarqué qu’elle se manifestoit dès la fin de Juin, durant les mois de Juillet, d’Août & de Septembre ; qu’à ces époques, il se forme à l’extrémité des bourgeons, aux feuilles, aux rameaux, aux fruits, un duvet blanchâtre, assez ressemblant à la chancissure qui paroît sur les viandes cuites & trop long-tems gardées.

En suivant le blanc ou la lèpre dans son commencement, dans ses progrès & dans sa fin, il a vu, 1o. que ce duvet blanchâtre attaque d’abord l’extrémité du rameau. Toutes les maladies qui affligent les arbres commencent du bas en-haut, & s’insinuent en montant à mesure que la séve vicieuse y est portée ; mais dans le blanc, au contraire, l’humeur prend d’abord à la cime du bourgeon. Ce grouppe de feuilles qui en terminent la pousse, commence à blanchir, puis elle descend insensiblement vers le gros du rameau, se communique aux feuilles, à la peau, aux yeux, aux fruits, & souvent même au vieux bois. Toute la capacité de l’arbre en est tellement infestée, qu’il devient farineux ; les suites en sont funestes pour l’année suivante : il n’y a pas de fruit à espérer sur aucune des branches qui en sont attaquées, à cause de la chûte prématurée des feuilles qui n’ont point le tems de travailler la séve pour la faire passer au bouton endommagé par cette humeur desséchante.

2o. Les pruniers, les abricotiers, & tous les végétaux sont sujets à la lèpre ou blanc ; mais plus rarement & plus légérement, à proportion de leur délicatesse. Cette maladie est cependant beaucoup moins commune dans les provinces méridionales, aux pêchers & aux abricotiers, parce qu’ils se trouvent dans un climat plus analogue, ou du moins plus rapproché de celui de leur pays natal. La chaleur y étant plus active, plus soutenue, les coups de vents froids rares ou nuls, la transpiration de ces arbres n’est pas interceptée.

3o. Il en est de cette maladie comme de la jaunisse : elle ne prend pas toujours à toutes les parties de l’arbre à la fois, & ne nuit qu’aux bourgeons, qui, à la taille, sont jetés à bas ou taillés fort court, si on est obligé de les conserver.

4o. Elle attaque également toutes sortes de pêchers en tous lieux. Ici je ne suis pas de l’avis de M. de Villehervé. Sa proposition est vraie pour les provinces de la circonférence de Paris, ou pour les lieux qui rapprochent de ce climat par leur position. Je n’ai jamais vu aucun pêcher ou abricotier sujet à cette maladie dans nos provinces méridionales, sur-tout s’ils sont à plein-vent. Je ne dis pas que le blanc ou la lèpre ne puisse attaquer les nains ; & je crois que dans cette circonstance, on doit attribuer le principe de la maladie à l’exposition où ils sont plantés, & le cas est très-rare. Les arbres qu’on rogne, qu’on pince, en sont plus