Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/296

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maltraités, ainsi que les arbres remplis de mousse, de bois mort, de chicots, de chancres, de plaies mal traitées.

5o. Cette maladie est tellement contagieuse, que les bourgeons de l’arbre le plus sain, placé à côté d’un autre qui en est attaqué, ne tardent pas à être couverts de lèpre ; il est vrai qu’elle n’y fait pas le même progrès, mais elle ne laisse pas de s’étendre. Ne seroit-ce pas le cas de demander si ce bourgeon que l’on croit attaqué par communication, ne l’est pas plutôt parce qu’il s’est trouvé dans la même position, dans les mêmes circonstances que son voisin ?

6o. L’humeur, principe de ce duvet blanc dans le pêcher, vient, dit M. de Villehervé, d’une séve mal cuite & mal préparée, qui filtre à travers les toupillons de feuilles dont chaque bourgeon est couronné, & qui sont plus petites que celles des yeux inférieurs ; elle commence à distiller de ces dernières & de l’écorce du bourgeon, comme une humidité gluante qui colle tant soit peu les doigts. Son principe est la gomme qui flue des feuilles où elle est différemment modifiée, plus amincie, plus déliée que dans les grands réservoirs de la séve. Je ne pense pas avec M. de Villehervé, que le principe de cette maladie soit simplement dû au principe gommeux ; je croirois plutôt que c’est un principe qui forme le miellat, (voyez ce mot) & qui contient une substance douce & sucrée. J’ai eu cette année des pruniers un peu chargés de blanc ; & après avoir porté à la bouche une des feuilles les plus blanches, j’ai reconnu le goût sucré & mielleux. Les petits pucerons ne s’attachent point aux émanations gommeuses, & un grand nombre s’étoit jeté sur les feuilles & bourgeons lépreux. Je suppose, continue M. de Villehervé, comme une chose incontestable, que la séve, après avoir monté facilement, trouvant ses passages fermés à son retour, est obligée de fluer en dehors ; & qu’étant déplacée, elle produit le même ravage dans les plantes, que le sang dans notre corps en semblable occasion : elle ne flue point par bouillon comme l’autre gomme, mais par petites parcelles minces & superficielles. D’abord frappée de l’air, coagulée ensuite, & aplatie sur les feuilles & sur la peau, elle ne tarde pas à être desséchée par les vents & par le soleil. Le tissu de cette humeur visqueuse & gluante, a paru au microscope comme autant de petites parties filandreuses collées les unes sur les autres. On ne peut mieux les comparer qu’à certains duvets cotonneux que la nature forme sur les feuilles & les fruits du coignassier, & sur les feuilles de l’espèce de raisin, que pour cette raison on nomme meûnier. La forme de ces filamens n’annonce-t-elle pas que les pores ont fait l’office de filières par où ils se sont échappés, & qu’à mesure qu’ils en sortoient, leur substance prenoit de la consistance, & leur extrême finesse permettoit à la partie simplement aqueuse de s’évaporer.

7o. Les arbres attaqués de la lèpre en Juin, ou au commencement de Juillet, se rétablissent au renouvellement de la séve. Au contraire, à