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la fin de Juillet & en Août, tems où la séve est amortie, & où le soleil va en rétrogradant, ils se dépouillent de leurs feuilles, & dès-lors les yeux ou boutons avortent pour l’année suivante. Il faut, à la taille, avoir une attention particulière au choix du bon bois, afin de ne l’asseoir que sur le bois le plus franc.

Cette lèpre ne doit pas être confondue avec le blanc qui prend aux feuilles du pêcher durant les grandes sécheresses. Vers le mois d’Août, & au commencement de Septembre, certains coups de soleil frappent vivement les feuilles de ces arbres, dont la séve n’est pas assez abondante pour suffire à la dissipation qui s’en fait quand le soleil enlève toutes leurs substances, & pompe leur humide radical. Ces feuilles paroissent alors toutes blanches à l’endroit du dessus qui répond au soleil, tandis que le dessous est verd comme à l’ordinaire. Elles peuvent se remettre jusqu’à un certain point, en baquettant de l’eau avec la main pour les humecter, & en arrosant les tiges. Ce blanc n’est pas dangereux, en ce que le bouton est tout-à-fait formé, & qu’on n’a point à appréhender la chûte des feuilles, ni leur production forcée.

Cette maladie est plus commune dans les provinces méridionales, que dans les environs de Paris, & elle est à craindre pendant tous les mois de l’été, sur-tout lorsque le vent de mer souffle. Il traîne avec lui une forte humidité, qui remplit l’atmosphère ; & les rayons du soleil traversant cette espèce de couche aqueuse, y acquièrent une chaleur à peu près égale à celle qu’on leur voit acquérir en traversant la lentille du miroir ardent. Tout ce qui se rencontre au point du foyer, est grillé & calciné, & le reste est plus ou moins attaqué, suivant son rapprochement ou son éloignement de ce foyer. On ne sauroit nombrer les effets variés qu’ils produisent sur les feuilles & sur les fruits, depuis la simple érosion, jusqu’à la dessiccation la plus complète. Ainsi, je ne confonds point le blanc avec cette espèce de brûlure, &c. C’est peut-être le premier période de l’un & de l’autre.

Voici les moyens de remédier au blanc, que propose M. de Villehervé. Selon lui, la lèpre du pêcher est une séve appauvrie & dépouillée de son baume, qui, étant portée trop abondamment vers l’extrémité des bourgeons, n’a plus de jeu pour descendre, à cause des obstructions qui l’en empêchent, & est obligée de se dégorger autour des feuilles & de la branche, par la nouvelle séve qui la pousse, & qui flue tant qu’elle ne trouve point de conduits pour la renfermer. Il faut donc, pour l’arrêter & la fixer, lui en former de nouveaux, où elle puisse être digérée & circuler, & par conséquent, dans le cas présent, pincer & arrêter les branches & les bourgeons attaqués du blanc, aussitôt qu’il commence, & les couper à trois ou quatre yeux plus bas que leur extrémité d’en-haut, afin qu’il s’y forme un nouveau bourgeon, dont les pores libres & plus ouverts, donneront lieu à la circulation de la séve. En retranchant cette partie supérieure qui est viciée, on coupe court infaillible-