Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/303

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laboure, il sera alors en état de faire des expériences, & des expériences raisonnées & fondées sur une bonne théorie ; car toute expérience faite au hasard & sans principes, n’est point concluante, & la plus légère modification la rend nulle pour les années suivantes.

On doit à M. l’abbé Poncelet une suite de recherches intéressantes sur cet objet ; & aucun auteur, jusqu’à ce jour, n’a développé avec autant de soins & d’intelligence, le mécanisme de la végétation du blé ; après lui on ne peut plus que glaner. Quelle reconnoissance ne doit-on pas à un homme qui a étendu la sphère de nos connoissances, & qui doit tout à la seule observation ! « Dans l’impossibilité (c’est ainsi qu’il s’explique) de me procurer les bons ouvrages qui traitent de l’agriculture & des arts qui en émanent, je n’ai eu pour toute ressource, que celle de pouvoir lire sans contrainte, & à toute heure, dans le plus ancien des livres, dans le grand livre de la nature ; & ç’a été pour y lire avec plus de liberté, pour pouvoir méditer plus profondément sur ce que j’y aurois lu, que renonçant pour un tems au commerce des hommes, je me suis retiré dans une paisible solitude ; c’est-là qu’inconnu & ignoré de l’univers entier, jouissant d’une santé parfaite, avide de connoissances ; seul, absolument seul ; sans compagnon, sans domestique, sans témoins, j’ai labouré la terre, semé, moissonné, moulu, fait du pain ; sans engrais, sans charrue, sans moulin, sans four ; en un mot, sans autres ustensiles que ceux qu’une imagination industrieuse, excitée par la nécessité des circonstances, & guidée par la raison, me faisoit inventer. J’en excepte pourtant quelques vaisseaux chimiques, un crayon, des pinceaux, de l’encre de la Chine, & sur-tout un excellent microscope dont je m’étois muni, parce que je prévoyois l’indispensable besoin que j’en aurois souvent. »

Puisse l’exemple de M. l’abbé Poncelet être suivi par tous ceux qui s’attachent à une partie de l’agriculture, & même de chaque science quelconque. C’est la seule manière de bien voir. Je saisis avec joie cette occasion de lui témoigner publiquement ma reconnoissance, & celle des agriculteurs, des vérités qu’il nous a fait connoître. Je me fais gloire de dire que je vais me servir de son travail, & je le dis avec une franchise égale aux soins que prennent les plagiaires pour qu’on ne connoisse pas les sources où ils ont puisé. Je pourrois comme eux, faire l’extrait de l’ouvrage de M. l’abbé Poncelet, rendre son travail presque mien, ou du moins le faire croire aux ignorans ; mais je préfère son estime & l’utilité dont il sera à ceux qui ne le connoissent pas & qui liront ce que j’écris. Ce seroit un crime de le défigurer.


CHAP. I. Vues générales sur le développement du germe, & sur la végétation du Blé.
Sect. I. Du développement du germe.
Sect. II. Théorie de son accroissement.
Sect. III. Des parties organiques du Blé.
Sect. IV. De la fleuraison, & des parties organiques de la fructification.