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CHAP II. Examen plus particulier du Blé, suivi dans tous les points de sa végétation.


CHAPITRE PREMIER.

Vues générales sur le développement du germe, et sur la végétation du Blé.


Section première.

Du développement du germe.

Le grain de froment, comme tout le monde sait, présente assez bien la figure d’un petit fuseau dont les deux extrémités sont tronquées ; il est aplati d’un côté, convexe de l’autre. On remarque au bas de celui-ci, (Pl. 9, Fig 1,) une protubérance A, qui indique l’emplacement du germe[1]. Le côté aplati est distingué par une rainure profonde qui partage le grain en deux lobes ; ceux-ci, vers la partie convexe, semblent se réunir en un seul. Plusieurs naturalistes, à cause de cette réunion, n’ont admis dans le froment qu’un seul lobe.

Le grain est recouvert d’un tégument composé de trois tuniques ou membranes : les deux premières sont formées de tuyaux disposés verticalement les uns à côté des autres, communiquant entr’eux par des insertions latérales, & formant au sommet B, par leur terminaison commune & leur réunion, une espèce d’aigrette. La troisième membrane qui recouvre intérieurement l’un & l’autre lobe, est si mince, que jamais M. l’abbé Poncelet n’a pu en observer ni discerner la contexture ; ce n’est même qu’avec bien de la peine qu’on vient à bout d’en découvrir l’existence. Entre celle-ci & la seconde, on trouve une couche de substance visqueuse, qui est peut-être de la résine, & la partie mucilagineuse peut être également logée dans le même endroit. Cette espèce de gomme-résine enveloppe le grain dans sa totalité. Dans la partie inférieure est une ouverture qui communique avec le chalumeau F, (Pl. 10, Fig. 25 & 27), plongé & divisé de même dans toutes les parties de l’épi. Tout le long de la rainure règne un gros vaisseau GG, (Fig. 25) divisé en plusieurs branches AAA, (Fig. 27) sous-divisées elles-mêmes en une infinité de petits rameaux BBB, tous terminés par un globule CCC, réservoir précieux du suc nourricier, vrai sel essentiel sucré & fermentescible, plus connu sous le nom de substance muqueuse, dont on parlera dans le chapitre suivant. Tous ces vaisseaux, d’une exilité surprenante, renferment cependant chacun en particulier, un double canal provenant originairement du chalumeau ou tige F, (Fig. 25 & 27), dont l’un est destiné à porter le suc nourricier dans chaque globule CC de l’un & de l’autre lobe, tandis que réciproquement le second canal partant de chaque globule, est destiné à porter le suc au germe D, par l’entremise du canal F, inséré, comme il a été dit, dans la

  1. Les mots propres dont on ne comprendra pas la signification, sont expliqués dans le courant de cet Ouvrage. Ainsi voyez chaque mot.