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rainure, & auquel se réunissent tous les petits canaux AAA de chaque sous-division BBB. Le grand canal ou principal vaisseau F de la rainure, en transmettant ainsi au germe la substance alimentaire qu’il reçoit de toute part, fait, à proprement parler, les fonctions de cordon ombilical : après avoir formé en E, (Fig. 27) un sinus, il va s’insérer dans la partie inférieure du germe auquel il fournit pour lors immédiatement la nourriture nécessaire à sa subsistance.

Pour peu qu’on ait saisi le systême organique du grain de froment, il ne sera pas difficile de concevoir ce qui va être crayonné pour rendre la chose plus sensible.

Le premier développement du germe dépend d’un mouvement intestin, qu’on peut appeler fermentation. Tant que cette espèce de fermentation n’est point excitée par une cause extérieure, toutes les parties organiques du grain demeurent dans un repos absolu ; le germe lui-même, sans donner le moindre signe de vie, reste dans l’inaction & comme enseveli dans un profond sommeil ; mais l’humidité n’a pas plutôt pénétré par l’orifice inférieur, communiquant à la tige ou chalumeau, & suivi les ramifications dans leurs nombreuses sinuosités, jusque dans l’intérieur des globules, qu’aussitôt la substance muqueuse qui y est contenue, se dissout, se gonfle, s’agite, s’étend jusqu’au germe, lui communique son mouvement, l’éveille & l’excite à déployer la puissance végétative : il éprouve alors, & pour la première fois, le besoin d’être nourri ; il attire donc à soi & pompe vigoureusement, par le moyen du canal conducteur, faisant les fonctions de cordon ombilical, le suc nourricier nécessaire à sa subsistance : de-là son accroissement insensible, & l’augmentation graduée de ses forces.

Ainsi commence & continue le jeu des parties organiques d’un grain de blé, jusqu’à ce qu’enfin les deux lobes entiérement épuisés, n’offrent plus qu’un sac vide ; le germe n’attend même pas cet instant pour chercher ailleurs une nourriture plus abondante. Huit jours après avoir été déposé en terre, quelquefois plus, quelquefois moins, il fend ses enveloppes, (Fig. 4, Pl. 9), fait paroître les premiers vestiges, tant des feuilles que des racines, les unes & les autres renfermées chacune dans une espèce de bourse particulière. Quelques jours après, ce mince tégument se déchire, & c’est pour lors qu’on voit à découvert les feuilles séminales & les premières racines. C’est à cette époque qu’on peut comparer le germe du blé à un enfant de quelques mois, nourri tantôt du lait de sa nourrice, tantôt d’alimens plus solides, de soupes, de bouillies, &c. ; de même le germe, au tems où nous parlons, se nourrit tout à la fois & de la substance muqueuse que fournissent les deux lobes, & de la terre soluble que lui fournit le sol, sa vraie mère-nourrice.

On vient de comparer le germe développé, à un enfant de quelques mois ; mais l’analogie entre ce qui se passe dans le grain du froment après avoir été semé, & ce qui se passe dans la matrice animale peu