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veloppes ; & toujours, par une même suite de cette loi d’affinité, percent les mottes environnantes, s’étendent de droite & de gauche, attirent la terre soluble, aliment nécessaire de toute plante. Cette attraction est quelquefois si marquée, qu’il n’est pas rare de voir la racine, comme si elle étoit douée de discernement & d’intelligence, se détourner brusquement d’une motte très-molle, mais privée de terre soluble, pour aller chercher une motte voisine plus compacte, mais remplie de cette même terre.

Ce qui se passe dans la racine en vertu des loix d’affinité, d’attraction, d’assimilation, se répète au même instant, & par un effet de la même cause, dans les feuilles séminales. Les trachées dont les feuilles sont en partie composées, renferment un fluide d’une affinité bien décidée avec l’air ambiant, soit à cause des propriétés spécifiques de celui-ci, soit plutôt, ainsi que le conjecture M. Poncelet, à cause d’une substance très-active, très-subtile, contenue dans ce même air. Les trachées doivent donc vigoureusement l’attirer ; & par cette attraction, il doit s’établir un mouvement d’oscillation entre tous les fluides du systême vasculaire de la plante. On conçoit sans doute, par ce qui a été observé, que ce mouvement d’oscillation suppose deux points d’appui, l’un placé dans l’air qui refoule par bas les fluides contenus dans les vaisseaux de la substance corticale, l’autre placé dans la racine qui force les mêmes fluides de monter par les fibres de la substance ligneuse ; d’où il résulte nécessairement l’admirable mécanisme de la circulation d’une séve ascendante & descendante ; & par une autre conséquence, un accroissement successif & continuel de toutes les parties organiques. Une expérience bien simple démontre cette vérité. Mettez une goutte d’huile à l’orifice des racines ; sur le champ vous intercepterez le mouvement d’oscillation, & la plante mourra.

Revenons au sujet. D’après ce mécanisme, la plante devroit insensiblement acquérir un volume immense, & l’acquerroit en effet, si la nature n’avoit pas paré à cet inconvénient, en établissant dans chaque plante, non-seulement une expiration proportionnelle à l’aspiration, mais encore une transpiration continuelle, quoiqu’insensible, des parties les plus fluides & les plus volatiles. Cette expiration & cette transpiration, en évacuant les vaisseaux pour faire place à une nouvelle séve, doivent nécessairement produire deux effets bien remarquables : celui d’empêcher la plante d’acquérir un volume indéfini, & celui de contribuer à l’entretien du mouvement d’oscillation, originairement excité par l’attraction alternative de la racine & des trachées ; mouvement qui persévère sans interruption, jusqu’à ce que les parties solides assimilées en quantité excessive, aient formé des obstructions sans nombre, intercepté la circulation, dérangé le mouvement d’oscillation, & qu’enfin elles l’aient totalement arrêté. À cet instant de repos si fatal à la plante, plus d’aspiration, plus d’expiration, de transpiration, d’attraction, d’assi-