Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/312

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semblablement aussi à l’expiration de l’air, M. Poncelet remarque dans les mêmes feuilles, trois sortes d’ouvertures, qu’il croit destinées, les unes à la transpiration insensible, & dont il n’a reconnu aucune trace ; les autres, aux excrétions solides analogues aux matières stercorales des animaux ; enfin, les troisièmes, destinées aux excrétions fluides qu’il soupçonne avec fondement analogues à l’urine. Ces derniers organes de la secrétion fluide paroissent dispersés dans toute la longueur du chalumeau, à la différence de l’organe des excrémens solides qui ne se trouvent que dans la feuille. Il est facile d’observer, au moyen d’une simple loupe, les excrétions fluides ; on les distingue sous la forme de petits points ronds & brillans. Les excrétions solides, sont beaucoup plus sensibles ; on peut les discerner à la simple vue : il suffit même, pour en amasser en quantité, de mettre sous un, ou sous plusieurs chalumeaux encore sur pied, une feuille de papier blanc. Vingt-quatre heures après, on la trouve couverte de petits grains noirâtres, de figure irrégulière : ce sont les excrémens dont il est question. La feuille n’est donc pas un simple ornement de la plante, c’est un organe très-essentiel, & même d’une nécessité si absolue, qu’une plante qui en seroit entiérement privée, périroit indubitablement, comme périroit un animal à qui l’on arracheroit les poumons. Il est vrai que dans plusieurs espèces d’arbres, les feuilles tombent à l’approche de l’hiver : aussi l’arbre est-il alors comme enseveli dans un sommeil qui ne représente pas mal l’image de la mort. Si la séve circule encore, elle ne circule que foiblement & insensiblement ; mais le printems n’a pas plutôt ramené une température plus douce, qu’aussitôt le sommeil de la plante se dissipe, la séve reprend son cours, les signes de vie reparoissent, & dans peu de nouvelles feuilles remplacent les anciennes.

Des chalumeaux & des nœuds. On vient d’observer que les feuilles n’étoient qu’une prolongation de la substance corticale : le chalumeau n’est de même qu’une prolongation de la racine. C’est exactement dans l’un & dans l’autre la même disposition d’organes, & sans doute le même résultat. Le chalumeau est, comme dans toutes les espèces du même genre, creux dans son intérieur, fissile dans sa longueur, & divisé d’espace en espace, par des nœuds qui méritent une considération particulière, parce qu’ils jouent un très-grand rôle dans le mécanisme du blé. On doit regarder ces nœuds, comme autant d’organes qui remplissent chacun une partie des fonctions du cœur. C’est là que la séve ascendante, analogue au chyle, se mêle avec la séve descendante, analogue au sang. Une multitude incroyable d’utricules & d’autres vaisseaux, les uns connus, les autres inconnus, tous rangés symétriquement, & dans un ordre relatif à leur destination, y font vraisemblablement l’office de veine sous-clavière, d’artères pulmonaires, de valvules sigmoïdes, &c. Le centre du nœud est absolument plein ; il est rempli d’une grande quantité de substance médullaire, réservoir sans doute, d’un fluide