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l’être qui a été produit. Son but est de multiplier & de conserver l’espèce ; il est enfin rempli.

Comme, lorsque nous traiterons l’article Froment, il ne sera question que de sa culture, il convient de continuer à suivre M. l’abbé Poncelet dans les recherches particulières qu’il a faites sur ce grain, & qui développent de plus en plus sa théorie sur la végétation du blé.


CHAPITRE II.

Examen plus particulier du Blé, & suivi dans tous les points de sa végétation.

Pour savoir comment le gonflement du germe A, (Fig. 1. Pl. 9) s’opéroit, M. Poncelet retira de terre un grain, six jours après l’avoir planté, & vit le germe plus saillant & plus gonflé qu’à l’ordinaire. Étoit-ce au moyen d’un fluide introduit dans l’intérieur du grain, par les pores répandus en tout sens sur la surface de l’enveloppe extérieure, ou par un conduit spécialement destiné à cet effet ? Pour éclaircir cette première circonstance, il prit deux grains de blé, enduisit de mastic la pointe de l’un, celle où se trouve le germe A, (Fig. 1) & par où passe la séve dans le tems de la végétation, laissant la pointe opposée B dans son état naturel. Il enduisit pareillement de mastic les deux pointes de l’autre grain.

Ces deux grains ainsi préparés, furent déposés dans une terre bien meuble, & placés à côté de deux autres grains, non mastiqués, pour servir de terme de comparaison.

Quinze jours après, il examina l’état des quatre grains ; les deux enduits de mastic n’avoient ni l’un ni l’autre augmenté de volume ; au lieu que les deux grains qui n’avoient point été mastiqués, portoient chacun une tige de la plus belle venue : d’où il conclut que le fluide qui occasionne le développement du germe, s’insinue dans l’intérieur du grain, par le seul endroit A, celui par où monte la séve dans le tems de la végétation.

Sept jours après avoir planté son blé, il retira de terre ce même grain qu’il avoit examiné la veille & qui avoit été tout de suite enfoui. Après en avoir observé le gonflement, il apperçut une fente en A ; alors levant successivement les deux pellicules qui constituent le son, il découvrit le germe tel qu’il est représenté Fig. 3. La partie C ne ressembloit pas mal à un cône, sur lequel on distinguoit, au moyen d’une loupe, des feuilles repliées : la bâse du cône représentoit assez bien un cul de lampe A, terminé par un pédicule E. Il souleva ce germe avec la pointe d’une aiguille très-fine, il l’enleva sans la moindre déchirure, à l’exception d’une partie du pédicule, & vit au moyen d’une forte loupe, qu’il étoit comme couché dans la cavité HH, (Fig. 2). Il étoit attaché par le pédicule E, (Fig 3) au grain F, (Fig. 2). Ce pédicule engagé dans la gaine A, se replioit de l’autre côté du grain, dans la rainure I, qui divise la graine en deux lobes. De part & d’autre de la rainure I, & de l’extrémité du pédicule, fort épanoui de ce côté, partoit une ramification KK, du plus beau rouge, &