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sont implantées les balles au nombre de vingt-une, tantôt plus, tantôt moins, parce que les premières placées au bas de l’épi, & les dernières placées au haut, sont sujettes à avorter plus ou moins facilement. Chaque balle est composée de plusieurs feuilles d’une structure singulière. Il y en a de deux sortes ; les unes simples, les autres plus composées. On voit en AA (Fig. 18) deux feuilles simples & concaves ; elles ressemblent assez bien à deux coquilles de moule. Les feuilles CC sont doubles, concaves d’un côté, convexes de l’autre, de manière pourtant, que, repliées sur elles-mêmes, elles forment une capsule propre à loger d’abord l’ovaire, le pistil & les étamines, & par la suite le nouveau grain de blé. On compte six feuilles de chaque côté, formant de part & d’autre deux capsules, non compris le sommet, terminé par des capsules qui ne parviennent jamais au point de maturité II. Ces capsules tiennent ici lieu de calice.

Au milieu de chaque capsule, formée de deux feuilles, AC d’une part, & CA de l’autre, on trouve de chaque côté, au fond des capsules servant de calices, deux petits corps ronds formés en demi-globes ; ce sont les ovaires. Ceux de la capsule inférieure BB, sont exactement ronds. Voyez la Figure 19, où ce corps est dessiné plus en grand & hors de sa capsule : il est un peu moins sphérique dans la capsule supérieure, c’est-à-dire en DD, (Fig. 18) & plus en grand, (Fig. 20) ACC. Ces petits globes, toujours aplatis vers leur sommet, sont surmontés d’un panache qui les ombrage totalement, & qui représente assez bien une aigrette d’argent EE, (Fig. 18) & BB, (Fig. 19 & 20.) Ce corps sphérique paroît double & garni de deux pistils. On remarque au sommet de chaque pistil, un stigmate ou orifice du canal qui conduit dans l’intérieur du demi-globe la substance fournie par l’étamine.

Du milieu de chaque panache ou aigrette EE, sortent trois cordons HH ; (Fig. 18) & CCC, (Fig. 19 & 20) terminés par trois doubles cornets adossés les uns contre les autres par leurs côtés postérieurs. Voyez Fig. 19 & 20, DD. Tous ces cornets sont remplis de globules d’une petitesse extrême F (Fig. 20) & sont destinés à les répandre sur les pistils ou parties femelles, dont ils ne sont jamais éloignés au commencement de la fleuraison. Ces petites globules ont une cicatricule à la partie inférieure ; & dès qu’ils sont parvenus au point de maturité convenable, cette cicatricule s’ouvre avec explosion, M. Poncelet a cru voir quelquefois en sortir comme une légère vapeur ; & c’est cette vapeur qui, pénétrant le stigmate, va féconder la partie femelle ou demi-globe, que l’on peut regarder comme un organe faisant les fonctions de la matrice. C’est-là sans doute que les germes sont conservés pleins de vie jusqu’à un plus ample développement.

Le 26 du même mois, M. Poncelet continua d’observer les progrès de la végétation. Il détacha une balle de l’épi ; le grain de la première capsule avoit acquis la moitié de sa grandeur, (Planche 10,