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& aucun ne s’étend sous la terre du sentier ou de la petite allée. Son second défaut, aussi essentiel que le premier, est de servir de repaire à tous les insectes du voisinage ; ils y cherchent la fraîcheur pendant le jour, & une retraite sûre contre les oiseaux leurs ennemis ; ils en sortent pendant la nuit, attirés par la fraîcheur & par le besoin de pourvoir à leur subsistance ; alors toutes les jeunes pousses, les plantes tendres des semis sont dévorées. Le buis est donc seulement avantageux pour dessiner les grandes plates-bandes, & les parterres qui sont garnis avec des fleurs communes.

La sauge, le thym, le serpolet, la marjolaine, la lavande, servent pour les bordures, mais non pas dans les pays froids. Ces plantes ne sauroient résister à la rigueur des grands hivers. La marjolaine & la lavande demandent à être tenues basses ; les deux autres plantes s’élèvent peu, mais s’élargissent ; alors après avoir placé le cordeau, on coupe tout ce qui l’excède. En total, ces bordures sont tristes à la vue. Leur verdure est trop pâle, trop blanchâtre, & se confond souvent avec la couleur de la terre pendant les chaleurs de l’été. Malgré cela, si on a beaucoup de mouches à miel, je conseille de préférer celles-ci à toutes les autres, & sur-tout au buis dont la fleur communique au miel un goût désagréable ; cependant les mouches courent avidement sur les buis dans le tems de leur fleuraison, parce qu’elles travaillent pour elles, & s’embarrassent fort peu des sensations que leur miel nous fera éprouver dans la suite.

Le fraisier formeroit une bordure agréable, s’il ne poussoit pas une infinité de filamens. Une bordure de cette espèce donne dix fois plus de peine à un jardinier qu’une en buis.

La violette à fleur double a un mérite réel dans la verdure de ses feuilles : serrées & rassemblées les unes près des autres, elles forment une jolie masse en dos d’âne ; il suffit d’arrêter les bords une ou deux fois chaque année.

Une bordure un peu trop négligée, est celle faite avec le persil. Ses feuilles sont d’un beau vert, luisantes & nombreuses.

L’oseille sert encore au même usage ; mais elle a le défaut de monter promptement en graine, si on n’a pas le soin de couper fréquemment ses feuilles ; alors la plante ne répond plus au but qu’on se proposoit. Ces feuilles coupées successivement sur toute la longueur de la bordure, offrent des places vides : dans certains endroits, la couleur des feuilles nouvelles est d’un vert tendre, & dans d’autres, d’un vert très-foncé. Cette bigarrure déplait à la vue.

2o. Des bordures avec des corps solides. Elles sont, ou en bois, ou en briques. Rien ne dessine mieux une allée, & on range le terrain beaucoup plus commodément. Le bois de chêne est le meilleur pour cet usage. Il faut, de distance en distance, planter des piquets équarris, sur lesquels on cloue fortement les bordures de trois à quatre pouces de hauteur pour les petits emplacemens, & de six, si l’emplacement a beaucoup d’étendue. L’épaisseur de la planche doit être proportionnée