Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/40

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le terrain très-friable ; il ne sauroit l’être trop : la terre franche & meuble est celle qui convient le mieux ; la terre sablonneuse ensuite, & la terre argileuse lui est entiérement contraire, à moins qu’elle ne soit défoncée à quatre pieds de profondeur, & mêlée par moitié avec une bonne terre sablonneuse & en rapport. »

» On commencera dès le mois de Septembre à dresser son terrain en planches égales, de quatre pieds de large : quant à la longueur, elle est arbitraire. »

» Les planches tracées, sans qu’il soit nécessaire de les bêcher, afin que la terre des côtés ne s’éboule pas en travaillant, il faut enlever deux pieds de profondeur de la première plante, & faire transporter la terre en dehors par un bout, & avoir soin de la finir sans la traverser, sans quoi l’opération seroit imparfaite, parce qu’on écraseroit le bord des planches. »

» Quant à la seconde planche, on n’y touche pas avant que les plantes d’asperge soient parvenues ; cependant afin de ne pas laisser le terrain vide, on peut y planter des laitues, des romaines, des endives, &c. La troisième planche se prépare de même que la première ; la quatrième reste dans le même état que la seconde, & ainsi de suite pour toutes les autres. »

» Après avoir enlevé les deux pieds de terre dont on vient de parler, il faut y mettre six pouces de fumier à demi-pourri, composé d’un tiers de fumier de mouton, d’un tiers de celui de vache, & d’un tiers de celui de cheval, que l’on aura rangé par couches au printems précédent, & sur lesquels on aura fait venir des melons ou d’autres légumes ».

» Ce fumier étant épars, la terre des fosses sera bêchée, le fumier enterré à la profondeur d’un demi-fer de bêche seulement, & il restera ainsi enfoui pendant une partie de l’hiver. »

» Au mois de Mars on labourera de nouveau toutes ces planches d’un demi-fer de bêche, pour faire revenir sur la superficie le même fumier qui doit être pourri. Pour lors on ajoutera trois pouces de terre sur ces fossés, mêlée de voiries pourries, ou avec du fumier de mouton également pourri. »

» Presque tous les jardiniers ont en général l’habitude de planter ou de semer sur des terreaux purs ; c’est une faute très-grande qu’ils commettent. La reprise & la levée des plantes sont à la vérité plus promptes ; mais ils ne veulent pas entendre que ce léger avantage est contre-balancé par les suites les plus fâcheuses, la pourriture ou la langueur. »

» Cela fait, après avoir passé le râteau sans marcher sur les planches labourées, il faut y planter en échiquier trois rangs d’asperge, & les pieds à quinze pouces de distance les uns des autres en tout sens. La vraie manière de planter les asperges, c’est de les poser sur la superficie de la terre, de bien étaler les racines avec précision, sans les casser, & d’y jeter ensuite trois pouces de terreau pour les couvrir. »

» La plantation étant faite, outre les trois pouces de terreau, il est