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d’empêcher que l’eau des arrosemens ne tape pas trop la terre. On arrosera suivant le besoin.

Plusieurs personnes préfèrent avec raison, de semer à demeure. Voici leurs procédés.

Les uns font un creux d’un pied & demi de profondeur, sur autant de largeur, sèment deux ou trois grains séparés les uns des autres. Au printems ils arrachent les pieds les plus foibles, & ne laissent subsister que les plus forts. Les autres ouvrent une fosse de trois pieds & demi à quatre pieds de largeur, défoncent le terrain, le chargent de fumier pourri ou terreau, en laissant toujours à cette fosse la profondeur d’un pied ; enfin sèment leurs graines à la distance d’un pied ; de sorte que cette fosse contient trois rangs de plantes. Chaque année, suivant l’une & l’autre méthode, on jette quelques pouces de la terre qui forme les ados de la fosse, ou de nouveau terreau si cette première terre a été enlevée. Enfin on continue à en jeter tous les ans jusqu’à ce que le terrain de la fosse soit à niveau de l’autre. On évite ainsi l’embarras de replanter, & la patte d’asperge n’est point endommagée. On a beau la ménager en la tirant de terre, en la maniant, en la replantant ; il est presque impossible de ne pas rompre un grand nombre des racines qui partent du tronc, & aucune plante ne prouve mieux combien il est essentiel de ménager les racines. (Voyez ce mot)

V. En quel tems il faut replanter, & comment on doit replanter. En Novembre il faut couper les tiges des semis à un pouce près de terre, & on peut couvrir le sol avec de la paille pour les garantir des grandes rigueurs du froid. Cette précaution n’est pas absolument essentielle. Au mois de Mars suivant ou d’Avril, toujours relativement au climat, on commence par ouvrir une tranchée sur le bord de la planche du semis, afin de reconnoître la place qu’occupe chaque plante. Il est à supposer que pendant l’été les plantes surnuméraires & parasites ont été arrachées, & par conséquent que les racines ne sont pas entremêlées. Il est encore à supposer, qu’avant de commencer l’opération, on aura préparé le terrain pour recevoir les plantes de la pépinière, ainsi que nous le dirons tout-à-l’heure. Lorsque tout est prêt, avec une main de fer, ou avec tel autre instrument à peu près semblable, on cerne tout autour des racines, & on enlève la plante, s’il se peut, sans détacher la terre de ses racines. Cette précaution est trop négligée, sur-tout des jardiniers qui font des pépinières pour vendre les pattes.

Si les pieds du semis sont assez séparés entr’eux, on peut les laisser dans la pépinière pendant la seconde année, & non pas plus long-tems ; on aura alors de gros sujets à replanter. Je préfère la première méthode, en ce qu’elle ménage mieux les racines, & parce que la reprise est plus assurée.

La manière de préparer le carré & de le disposer pour recevoir les pattes d’asperge, n’est pas à négliger. M. Mallet va l’indiquer.

« Je suppose, c’est lui qui parle,